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PIlIlANTIIIiOPII. PHILARÉTHE

et l’abaissement des énergies el des races & mesure que les mœurs s’adoucissent el s’amollissent. D’où, comme tonne extrême ilo cette conception, une philosophie aristocratique el dure comme celle de Nietzsche, où toute moral.’ de pitié et de bienveillance n’est plus qu’une « morale d’esclaves », et où la loi môme de l’humanité semble être de sacrifier tous ses membres pour préparer l’apparition et le triomphe d’une élite, du « Surhomme ». Or, --’il ne veut pas aller jusqu’à ces dernières conséquences, >’il prétend rester a la position indécise «les économistes de l’école classique, il peut sembler que l’individualisme pur constitue une doctrine assez superficielle el illogique. Puisque la loi de la concurrence vitale et «le la sélection exige le sacrifice de toute philanthropie, ne semblerait-elle pas exiger aussi logiquementle sacrifice de la civilisation et de l’Etat, de toutes les institutions politiques ou sociales ’|iii gênent ou limitent la libre action des forces naturelles ? N’exigerait-elle pas le retour à un mystique état de nature, el ne suppose-t-elle |ia> l’optimisme illimité qui fait le fond de la doctrine anarchique ? Mais, s’il est légitime à la raison el à la bonté humaines d’intervenir dans le conflit uVs forces naturelles pour en prévoir les effets el en modifier los conditions d’exercice, el cela parce que la raison el la bonté, pour Spencer plus que pour tout autre philosophe, sont elles-mêmes des forces de la nature el dos produits de l’évolution universelle, de quel droit et en vertu de quel principe en restreindre la sphère d’action et en délimiter l’usage légitime ? Or, dès que la raison intervient avec son idéal propre, elle substitue sa loi à la loi de nature, les conditions de la lutte pour la vie se transforment : et comment prétendre dés lors que le progrès doit encore s obtenir à l’aveugle, au prix de peines et de douleurs sans nombre, par la lutte et la violence ? I.a méthode de la nature, c’est la prodigalité infinie et indifférente ; la méthode de la raison c’est l’économie des et là où le luit est le plus grand bonheur humain, l’économie des souffrances.

Il n’en reste pas moins que la charité, si elle est inconsidérée et aveugle, peut avoirles tristes effets que signale Spencer : don le conflit économique et pratique de la charité privée et île la charité d’Etat, du socialisme tvr .ionique et de l’association libre. Mais il parait bien arbitraire d’y voir la contradiction irréductible d’une philanthropie contre nature et d’une inflexible loi de sélection naturelle. Tout se réduit à l’hésitation dans le choix des moyens par lesquels la raison humaine peut réformer et améliorer peu à peu les conditions primitives de l’existence . diminuer les douleurs individuelles sans nuire à l’intérêt général, augmenter la quantité commune de bonheur sans en rabaisser la qualité, concilier les droits des individus avec ceux de la communauté. Problème infiniment redoutable et complexe sans doute, dont on n’entrevoit ni la solution théorique ni l’issue pratique, mais dans lequel il parait impossible de refuser à l’expert a la pensée humaines, au profit de je ne sais quel instinct obscur et brutal, le droit de guider nos tentatives et d’orienter nos aspirations. — fout ce qu’on peut dire au moins, c’est qn en fait, et quelque hésitation qui s’y révèle, nos institutions occidentales semblent, depuis un demi-siècle, évoluer dans le sens d’une philanthropie >]<• plus en plus large, de plus en plus raisonnée nisée, rie plus en plus BOUStraite aux hasards de la charité individuelle et érigée en service social. I.a bienveillance et la pitié pour tous les hommes et toutes les douleurs semblent, de tous les sentiments moraux, ceux auxquels la sensibilité moderne se porte le plus naturellement, quelques démentis que les passions poissent leur donner parfois •■more : le respect et |,, religion delà souffrance humaine semblent comme le dernier et le plus vivant de nos dogmes. Dans nos institutions de même. _ - de I association privée aux lois >ur les reilissements d’assistance à l’instruction obligatoire, de la communauté du service militaire au principe de la proportionnalité de l’impôt, toutes les grandes idées politiques de l’Europe contemporaine semblent inspil s du même idéal philanthropique : toutes paraissent se proposer comme fin le bonheur général, admettre certaines limitations de la liberté individuelle dans l’intérêt public, et tendre à considérer la charité connue une forme instinctive et. si l’on peu ! dire, un pressentiment de la justice.

On trouvera une classification approximative des œuvres philanthropiques contemporaines aux art. : Ass^rANCE, Charité, Mutualité. I). Parodi.

Bib. : Denis, llisl des doctrines morales dans l’anti quité. I’. Janst, Hist. de la science politique dans ses rapports avec !•> morale. — Spencer, l’Individu contre l’État ei /,■ ! Justii b.

PHILANTHROPINISME, PHILANTHROPINUM (V.

Basedow).

PHILARÈTE, architecte italien (V. Filarête). PHILARÈTE (Théodore-RoMANov), patriarche de Russie (Y. ROHANOV).

PHILARÈTE-C.hasi.ks (V. Chasles).

PHILARÈTES. Société d’étudiants polonais de l’Université de Wilna, fondée en avr. 181 !) par Thomas Zan. Ainsi que son nom l’indique, c’était une société d’dinix de la vertu. Issus de l’association des Philomathes qui avait déjà pour but de former un lien intellectuel et moral entre les jeunes gens de l’Université, les Philarètes choisirent pour devise ces trois mots : Patrie, Science, Vertu. S’entr’aidant dans leurs études, ils avaient surtout en vue de maintenir la pureté de la langue polonaise et d’entretenir toujours vivace le feu sacré du patriotisme. Adam Mickiewicz (V. ce nom) fut un des plus ardents philarètes. Aussi cette société devint-elle bientôt suspecte au gouvernement russe qui, sous l’instigation de Nowosilt /ov. nouveau recteur de Wilna, intenta des poursuites contre ses membres et en condamna plusieurs à la prison ou an bannissement. F. T.

Hi m.. : [gnacy Domevko, Filareci i Filomaci (en polonais).

PHILARETES (V. Alexandre V, pape).

PHILARÈTHE (Vasii.i Drozdov), célèbre métropolite de Moscou, orateur et écrivain sacré, né en 1782, mort eu ÎKIJT, Fils d’un ecclésiastique russe, il commença ses études au séminaire de Kolomna, sa ville natale. Devenu professeur de grec et d’hébreu, il se signala pour la première fois, au couvent de Saint-Serge, par un sermon prononcé, en 18()(i, le jour anniversaire « de l’attaque du couvent ». Ce sermon attira sur lui l’attention du haut clergé. En 180S, il prononça ses vœux monastiques, et, dès 1812, il était recteur de l’académie ecclésiastique de Saint-Pétersbourg, avec le titre d’archimandrite. En 1817, il est évèque de Kevel ; en 1819, archevêque de Tver et membre du Saint-Synode ; en 1821, il est archevêque de Moscou, et c’est à lui qu’est confié le soin de rédiger et de garder dans sa cathédrale l’acte secret par lequel le grand-duc Constantin, fils aine d’Alexandre I 1 ’ 1 ’. renonçait au trône au profit de sou frère Nicolas. Ce dernier éleva Philarèthe au grade de métropolite, le jour de son couronnement (IK-Jli). Par sa brillante et longue carrière, par ses dons d’orateur et d’écrivain sacré, Philarète se fit une situation unique dans l’épiscopat russe. Outre ses innombrables homélies et ses œuvres de propagande religieuse dont le succès fut prodigieux (le* Principes de l’instruction chrétienne virent, de 18-28 à 1862, 252 éditions), on a de lui des lettres à sa famille et à divers évèques. J. I,.

Bibl. : Œuvres sacrées ; Moscou, 1S13-1825, 5 vol. (en Entretiens d’un sceptique et d’un croyant sur l’orthodoxie de l’Eglise orientale, [>:ir le métropolitain Philaréthe, tract, du russe par Soudakov : Paris, 1862 et (l h -.il, fiiiu-brcs, liomëlit’s el discours du M Philaréthe trad par ^. Stourdza ; Paris, 1849. — A. Serim. nki. Choix de sermons et discours du métropolite Philaréthe ; Paris, 1866, 3 vol.