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SÉGUR — SÉGUSIAVES

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nées. Ce département l’élut le 13 mai 1849 représentant à l’Assemblée législative où il appuya la politique de Louis-Napoléon. Membre de la commission consultative, il entra au Sénat le 26 janv. 1852. Il ne sortit plus delà vie privée après 1870.

SÉGURA. Corn, du dép. de l’Ariège, arr. de Pamiers, cant. de Varilhes ; 183 hab.

SEGURA. Fleuve d’Espagne, du versant de la Méditer ranée, coulant dans les prov. de Jaen (Andalousie), Albacete et Murcie (Murcie) et d’Alicante (Valence). Il prend sa source dans la sierra de Segura, à 553 m. d’alt., au pied d’une paroi de rochers appelée Simadel PinarNegro ; il descend d’abord par un cours extrêmement sinueux, al ternativement dirigé au N.-E. et au S.-E., au milieu de gorges profondes (défilés de Penas Iloradadas et deJover), puis entre dans la plaine de Murcie par un dernier défilé, celui de las Almadenas, profond de 385 m. et large de 3 m ,50 seulement. Il arrose alors les deux superbes huertas de Murcie et d’Orihuelaet tombe dans la Méditerranée, à 28 kil. S.-O. d’Alicante, après un cours de 240 kil., drainant un bassin de 33.284 hect. Il reçoit plusieurs affluents dont les principaux sont le rio Mundo, qui lui apporte, à travers des gorges profondes, les eaux bleues qu’il a prises dans un cirque de la sierra del Mundo, souvent comparé à celui de Gavarnie, et le Sangonera. Le Segura n’est pas navigable, mais rend de grands services par l’irrigation ; presque toutes ses eaux (8 à 9 m. c. à l’étiage, 20 en moy.) lui sont ainsi enlevées et irriguent environ 33.000 hect. dont la fertilité est alors très grande. La huerta d’Orihuela produit une quantité d’orangers et de citronniers, d’amandiers, de grenadiers, de mûriers qui abritent les plantes plus basses, céréales, vignes, etc. La huerta de Murcie et celle de Lorca sont beaucoup moins belles, ma : s par la faute des habitants. Ces eaux mettent aussi en mouvement des moulins et des usines. Malheureusement, le Segura est sujet à de terribles crues dont certaines sont restées tristement célèbres : celle de 1051 détruisit une grande partie de la ville de Murcie ; celles de 1733, 1801,4826, juin 1876, 14 oct. 1879, 1884, ont causé aussi beaucoup de ravages. SEGURA (Lopez de), joueur d’échecs du xvi e siècle (V. Lopez de Skgura).

SEGURANA (Catarina), héroïne niçoise du xvi e siècle, qui aurait, selon la légende, sauvé par son courage la ville de Nice lors du siège et de l’escalade tentée par les Turcs commandés par Khair-ad-din le 15 août 1543. Se jetant, à la tête de Niçois, sur l’ennemi surpris, elle renversa d’un coup de hache le porte-drapeau et épouvanta tellement les assiégeants qu’ils se retirèrent. Dès 1544 les consuls de la ville lui élevèrent une statue de pierre. SÉGURET. Corn, du dép. du Vaucluse, arr. d’Orange, cant. de Vaison ;895hab. Commerce de cocons de vers à soie. Ruines d’un ancien château et d’une chapelle dite d’Aubusson.

SEGUS. Corn, du dép. des Hautes-Pyrénées, arr. d’Argelès-Gazost, cant. de Lourdes ; 383 hab. SÉGUSIAVES (Segusiani, SsYoatavÛiv, ïh-fO’j^’.aCxDv, Segusiavi). Peuplade gauloise occupant le bassin de la Loire depuis sa sortie du Velay jusqu’à la plaine de Marcigny et débordant, par delà les monts du Forez, jusqu’au confluent de la Saune et du Rhône. L’étymologie du nom de cette peuplade qu’Aug. Bernard a contribué à faire orthographier exactement (Segusiavi et non Segusiani) est fort discutée ; la plus judicieuse, émise par d’Arbois de .lubainville et adoptée par Steyert, fait dériver le nom de Ségusiave de la racine indo-européenne sigo-sigu, caractérisant les peuples habitant un lieu naturellement fortifié. Les Ségusiaves paraissent avoir vécu primitivement à l’état de peuplade libre. On admet, qu’à la suite d’une révolution, opérée chez eux, les deux chefs Momor et Atepomar auraient fondé, sur une colline dominant la Saône, un oppidum, qu’à cause des présages qui signalèrent sa fondation on appela, s’il faut en croire Clitophon, Lugdunum. la colline des corbeaux. Strabon (IV, 1, 11) reconnaît formellement que Lyon est une ville des Ségusiaves. Puis, à une époque indéterminée, ils sont devenus les clients des Eduens. C’est sur leur territoire que César se porte pour combattre les Helvètes (De bell. Gall., I, 10) ; après Gergovie, Vercingétorix lève des contingents sur eux, ainsi qu’à l’époque du siège d’Alésia (ibid., VII, 64 et 74). Mais ils paraissent avoir été d’assez peu farouches adversaires des Romains, si l’on en juge par la différence de traitement qui distingue, après la conquête, leur sort de celui des Eduens. Tandis que les Eduens sont des federati, c.-à-d. réduits à un demivasselage, les Ségusiaves sont liberi, c.-à-d. jouissent du droit de cité complet (Pline, Hist. nat., IV, 32 [18]). Avant la conquête romaine, ils vivaient sans être réunis en bourgades, ayant seulement semé les rives escarpées de la Loire, depuis les frontières du pays éduen, jusqu’au point ou le fleuve cesse d’être navigable, d’oppida et de mottes défensives. Deux ont été fouillés entièrement ou partiellement : ceux du Crêt-Châtelard (com de Saint-Marcel-de-Félines), en aval de Balbigny, et d’Essalois, en aval de Saint-Victor-sur-Loire : tous deux ont révélé, en même temps qu’une masse d’objets antiques, la présence de murailles en pierres maintenues par des poutres entrecroisées et des crosses en fer.

Après la réduction de la Gaule en province et la fondation de la colonie de Copia (Lyon), au confiuent de la Saône et du Rhône, par L. Munatius Planais, en 43 avant notre ère, ils formèrent la civitas Segusiavorum ; ils furent au nombre des 60 cités associées au culte de l’autel de Rome et d’Auguste et eurent des duumvirs (inscr. de Marclopt). On commence alors à leur connaître des villes : Mediolanum, diversement identifiée (ordinairement Amions ; Miolaus, com. des Olmes, d’ap. Vincent-Durand ; Saint-Sympliorien-sur-Coise, d’ap. Steyert) ; Feurs (Forum Segusiarorum ; 4>doo ; Seyo-jaiajoov), qui se développe à partir du règne de Tibère, avec un théâtre, d’abord de bois, puis de pierre (inscr. de Tib. CI. Capito), des corporations d’artisans (insc. de Feurs), une déesse indigène, la dea Segeta (insc. de Bussy-Albieux et le poids de Feurs au Louvre) et quatre grandes voies, dont deux furent usitées durant tout le moyen âge, la voie Sayetle, allant vers Roanne, et la voie Bolène, allant vers Usson (Icidmagus) ; Roanne (Roidomna, ’Pooùava), citée par Ptolémée et la Table de Peutinger ; Moind, d’abord Modonium, puis Aquœ Segetœ avec ses thermes et les ruines de son théâtre, et enfin Ariolica, totalement disparue aujourd’hui et vraisemblablement située sur les bords d’un ruisseau, qui a gardé son nom, YAruelhe, com. de Crozet, cant. de La Pacaudière. Le monnayage des Ségusiaves présente deux types. Le type le plus fréquent, imité de la monnaie de Marseille (au droit, tète barbare ; à gauche, diadémée ; au revers, quadrupède informe à queue relevée en S), est commun aux Eduens et aux Ségusiaves. Quelques numismates admettent que les types au diadème à quatre bandes appartiennent aux Ségusiaves en propre. L’autre type, qui daterait de l’époque comprise entre la réduction en province et le décret partageant le monnayage de l’empire entre Auguste et le Sénat, est représenté par un exemplaire en argent, aujourd’hui égaré. C’est, au droit, un buste casqué, imberbe ; adroite, derrière, une lance : légende SECVSIAVS ; au revers, Hercule, nu, debout, s’appuyant sur la jambe droite, il porte sur son bras gauche la peau du lion de Némée et tient une massue de la main droite ; l’autre main, touchant Télesphore debout à sa gauche, sur une base : légende ARVS. Quant aux pièces à la légende SEGISV, la rareté des noms de lieux et de peuples sur les monnaies de la Celtique et du Belgium ne permet pas de l’attribuer aux Ségusiaves. Maurice Dumoulin. Bihl. : Abbé Roux, Recherches sur le Forum Segusiaoorum et l’origine gallo-romaine de la ville de Feurs : Lyon, 1851, in-S, pi. — Aug. Bernard, Mém. sur les or’uj. du Lyonnais : Paris. 1816, in-8, pi. — Du même, Descrip-