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SARTHE

Le précambrien est très fertile, grâce à son altération, il n’en est pas de même du cambrien dont le sol est aride (landes et forêts), du silurien et du dévonien (sapins, pommiers).

Les schistes carbonifères donnent un sol assez riche. Les grès portent des châtaigneraies. Les céréales sont cultivée » principalement dans les plaines et sur les plateaux jurassiques (Champagne du Maine). La vigne prospèredans les vallées crayeuses. Les pommiers à cidre et les prairies artificielles se rencontrent sur la craie de Rouen. Les sables divers du crétacé et du tertiaire sont arides, couverts de landes ou de grandes forêts. Les prairies naturelles ne se montrent que dans les vallées, sur les alluvions récentes ou anciennes. Pli. Gi.anceaud. Régime des eaux. — Toutes les eaux du territoire vont à la Loire, fleuve qui, en son lieu le plus rapproché, passe à prés de 3 ) kil. du département ; toutes également atteignent la Loire par l’entremise d’une même rivière, la Maine, qui est le courant d’Angers ; enfin, toutes aussi atteignent la Maine par l’entremise de la Sarthe, et cette Sarthe écoule directement environ 4.500 kil. q. du territoire, et son grand affluent le Loir. 4.750 m. Arrivée du dép. de l’Orne, ou elle naît entre des collines du Perche, elle atteint une première fois le département qu’elle désigne (à -1 40 m. au-dessus des mers) sous forme d’une riviérette de 10 m. de large, de 2 m. c. par seconde en volume ordinaire ; et une seconde fois, définitivement, sous Alençon (qui est le ch.-l. de l’Urne), comme rivière de 25 m. d’ampleur, de 4 m. c de volume. On a déjà dit plus haut qu’elle s’y tord aussitôt dans de superbes corridors, « gorges à la fois sombres et verdoyantes », qui ont plus de 100 m. de profondeur. « Entre Saint-Cénerile-Géréi et Saint-Léonard-des-Bois. dit Ardouin Dumazet, c’est une faille formidable semblable aux étroites cluses du Jura, mais d’une beauté plus âpre, grâce à la robustesse de la roche, granit et grès ; le petit coin de rochers, long d’une lieue à vol d’oiseau, doublé par les méandres, a fait dire aux gens du Bas-Maine qu’ils ont, eux aussi, leurs Alpes. » Elle absorbe à droite le Merdereau, torrent d’un bassin de 17.000 hect., qui a le plus long de ses 26 kil. dans les roches imperméables de la Mayenne ; puis la Vandelle (28 kil., 9.500 hect.), presque entièrement mayennaise ; ensuite l’Orthe (38 kil., 14.000 hect.), autre fille de la Mayenne : ces trois torrents, issus de roches dures, impropres aux sources, ont des crues énormes, et presque pas d’eau en été. Un fait donnera l’idée des incroyables sinuosités de la Sarthe en cette « Bretagne » du Maine : d’un lieu à 1.500 m. au-dessous du confluent de l’Orthe jusqu’à la ville de Fresnay, il y a 3 kil. à vol d’oiseau, 14 en suivant la rivière, qui, plus bas, baigne ladite Fresnay, boit à gauche le Rosay Nord (22 kil., 9.594 hect.), la Bienne (38 kil., 20.379 hect.), descendue de la forêt de Perseigne, et l’insignifiant Orthon en aval et près de la ville de Beaumont, riveraine de la Sarthe. Celle-ci absorbe à droite la Longuève, c.-à-d. la Losgue Eau, nom que ne justifient pas ses 23 kil. en 8.859 hect., et à gauche, l’Orne saosnoise, laquelle a quelque importance : commencée dans le Perche, sur le territoire de l’Orne, elle a presque tout son cours de 52 kil. dans la Sarthe, ainsi que presque tout son bassin d’une cinquantaine de mille hectares ; ainsi nommée de ce qu’elle coule dans le Saosnois, un de ses affluents, la Dive. passe devant la ville de Mamers. et elle-même coule au bas de l’amphithéàtrale Ballon. Son débit normal est de 1.000 lit. par seconde, son étiage de 500. « Sa vallée n’est qu’une immense chanvrière, et elle est empoisonnée en septembre par le rouissage du chanvre. »

Au Mans, la plus grande ville qu’elle traverse, la Sarthe devient officiellement navigable, et cela pour 132 kil., jusqu’à sa rencontre avec la Mayenne, mais elle ne l’est que par le secours de vingt barrages écluses, et pour les bateaux qui n’exigent pas plus de 1"’,00 d’eau. Dans la banlieue d’aval de cette ville, elle se heurte à la rivière CRANIIE ENCYCLOPEDIE. XXIX.

essentiellement percheronne, à la toute gracieuse Huisne, venue de l’Orne par l’Eure-et-Loir, au bout d’un cours de 130 kil. (contre les 150 au moins déjà parcourus par la Sarthe), à l’issue d’un bassin de 165.539 hect. (contre les 250.000 au minimum de la Sarthe). Cette Huisne ou Huine égale la Sarthe en temps de crue (350 m. c), elle la dépasse en étiage ordinaire (6.000 lit. contre 3.700) aux eaux très basses (3.000 lit. contre 1 .850) et ne lui est que peu inférieure en module ou compensation de tous les débits de l’année (8 m. c. contre 10). C’est donc un affluent « princeps »,qui double à peu près la rivière du Mans. Dans le territoire de la Sarthe, elle serpente dans les prairies de La Ferté-Bernard, nourricières de beaux et très fort chevaux, et passe devant Connerré, Pont-de-Cennes. Montfort, Yvré-1’Evèque, et se perd dans la Sarthe, après y avoir tourné et retourné pendant 76 kil. et accru son flot : de celui de la Même, rivière presque entièrement ornoise de 36 kil. en 16.31 i hect. ; de celui du Due (17 kil., 17.421 hect.), né à Bouloirc ; de celui du Narais (31 kil., 17.160 hect.) ; de celui de la Parence, faite de la Vive Parence et de la Morte Parence, et longue de 27 kil. en 18.384 hect.

Du confluent de l’Huisne au passage en Maine-et-Loire, la Sarthe rencontre trois villes, La Suze, Malicorne, Sablé ; elle s’augmente d’un ru de nom « peuengageant »,du Houle-Crotte (17 kil., 7.492 hect.) ; elle s’ouvre : au Hhonne (26 kil., 16.296 hect.), qui s’est promené dans F «oasis bélinoise » : à l’Orne champenoise (26 kil., 8.909 hect.), qui a sillonné la Champagne mancelle ; à la Gée, ruisseau de sources parti de la Champagne, de Confie (33 kil., 11.270 hect.) ; à la Vézanne (18 kil., 12.370 hect.), qui a son terme à Malicorne ; Houle-Crotte, Hhonne, Vézanne, sont des tributaires de gauche ; Orne champenoiseet Gée, des tributaires de droiie. ainsi que trois riviérettes qui se perdent coup sur coup, l’une en amont de Sablé, les deux autres à Sablé même, la Vègre, l’Erve, La Vaige, toutes trois après une course extraordinairement sinueuse dans les vieilles roches « armoricaines ». — La Vègre, sortie de la forêt de Sillé, passe prés de Sillé-le-Guillaume, à Loué et devant Brùlon : 86 kil., 40.082 hect., eaux relativement peu abondantes, noircies en septembre par le rouissage du chanvre : alors on dirait presque qu’elle roule de l’encre. — L’Erve et la Vaige, exactement pareilles à la Vègre et qui s’achèvent tout près l’une de l’autre à Sablé, ne sont que peu « sarthoises » : l’Erve, pour 16 kil. sur 64, pour 11.214 hect. sur 40.000 ; la Vaige. pour 9 kil. sur 48, pour 1.412 hect. sur 21. 880 ; pour tout le reste, elles sontmayennaises. — La Sarthe quitte le dép. homonyme pour le Maine-et-Loire par 20 m. seulement au-dessus des mers, comme une belle, rivière de 50, souvent 60 m. et plus d’ampleur, après y avoir voyagé pendant 200 kil. (sur un cours total de 285) ; on estime qu’elle roule en ce lieu quelque 25m. parseconde en bonnes eaux normales, 6 en étiage, 500 en grande crue. C’est dans ce Maine-et-Loire qu’elle s’unit au Loir, puis à la Mayenne, pour composer la Maine.

Le Loir est une rivière plus claire que la Sarthe ; nullement contaminé par des eaux du granit ou des schistes, purement fait de sources, il a droit à son renom de courant limpide en une vallée riante, parfois souverainement gracieuse. Il arrive du Loir-et-Cher, qui n’est pas son département natal (il commence en Eure-et-Loir) par 59 m. d’alt. , au confluent de la Braye et s’en va nonchalamment ers l’O. légèrement S., par mille détours, barré de moulins et d’usines, par devant des villes, des bourgades charmantes, quelques-unes avec maisons évidées dans la roche : La Chartrc. Vouvray, Chàteau-du-Loir, Vaas, Le Lude, La Flèche ; il abandonne Sarthe pour Maine-et-Loire par une vingtaine de mètres d’alt., comme la Sarthe, après y avoir parcouru 100 kil., sa longueur entière allant à 312. On admet qu’entré sur le territoire avec un volume de 18 m. c. à la seconde, il en sort avec 25 in. c. réduits en saison sèche à 8. parfois à 5, les crues atteignant 400, 34