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SARTÈNE — SARTHE

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âge. La nouvelle ville n’offre rien de remarquable, sauf sa célèbre place où tant de drames se déroulèrent. Sartène est, en effet, une des localités de la Corse où la vendetta sévit encore avec le plus de fureur. J. Md. SARTES (Anthrop.). Les Sartes sont un élément important de la population de l’Asi6 centrale. Après les Kirghizes, les Tadjiks, ils sont numériquement le plus important. Et le commerce des villes en particulier est presque tout entier dans leurs mains. Ils sont sédentaires comme les indigènes Tadjiks (V. ce mot), et leur nom même a précisément le sens de celui de «citadin », qu’on leur a donné, par contraste de leurs habitudes avec les habitudes invétérées de nomades des Ouzbegs. C’étaient primitivement des Ouzbegs ayant adopté la vie des Tadjiks, et ils auraient été confondus à la longue avec ceuxci, s’ils n’avaient pas conservé leur langue originaire qui est turque. Les Ouzbegs, Ouigours venus avec Djengis Khan, ont fondé leur domination (1248) sur les ruines du Kharezm détruit en 1231 par Djengis Khan même. Ils se sont conservés assez purement, notamment à Boukhara. Des crânes de Samarkande que j’ai mesurés (Ballet. Soc. d’anthrop., 1899) m’ont prouvé que, parmi les Sartes, il y avait encore des Ouzbegs purs. En général, la population sarte se compose de descendants d’Ouzbegs ayant épousé des femmes Tadjiks. D’après certains observateurs (lijfalvy), c’est le sang tadjik qui l’emporterait chez eux ou qui finira par l’emporter. D’après d’autres (H. Kraft), il faut distinguer les Sartes Ouzbegs des Sartes Tadjiks. J’y ai reconnu aussi la présence d’un peu de sang arabe et indo-afghan. Ils ont les cheveux et les yeux bruns. Leur taille, de l m ,69, est intermédiaire entre celle desTadjiks plus grands et celle des Ouzbegs plus petits. Ils sont brachycéphales comme leurs deux générateurs. Leur tête est assez développée en hauteur ; leur face est plus allongée que celle des Tadjiks ; leurs pommettes sont aussi saillantes ; leur front est haut. On rencontre parmi eux quelques physionomies Kara-Kirghizes aux yeux un peu obliques, aux traits anguleux. Un visage oval et régulier, un nez aquilin, de grands yeux et une barbe noire sont plus fréquents. On remarque aussi quelques blonds ou roux. Ils sont, en général, d’une belle carnation, de forme pleine et ronde. Ils sont pacifiques et respectueux jusqu’à l’obséquiosité. Ils se livrent volontiers à l’agriculture, ils fournissent la main-d’œuvre dans le Turkestan russe, mais le commerce est leur passion. Dès qu’un Sarte est à la tète d’un petit capital, il se jette dans les affaires, où il réussit presque toujours, mais au détriment des Ouzbegs et des Kirghizes , paresseux et simples d’esprit. Du reste, « l’argent est tout pour un Sarte, et avec de l’argent on peut tout obtenir de lui ». Les Batchas sont en général des garçons sartes. Zaborowski. SARTES. Coin, du dép. des Vosges, arr. et cant. de Neufchàteau ; 194 hab.

SARTHE (La). Rivière de France (V. Maine-et-Loire. t. XXII, p. 994, et Orne, t. XXV, p. 592) . SARTHE (Dép. de la). Situation, limites, superficie. — Le dép. de la Sarthe doit son nom à sa rivière centrale, la Sarthe, qui le traverse d’outre en outre, et qui baigne le chef-lieu du territoire. Il est situé dans la région N.-O. de la France, entre les coordonnées suivantes : entre 47° 33’ 50" et 48°29’ lat. N., 1°25’8" et 2° 44’ 30" long. 0. Sa capitale. Le Mans, qui est à peu près au centre delà circonscription, se trouve à 211 kil. au S.-O. de Paris par le chemin de fer, à 185 seulement à vol d’oiseau ; à peu près sous le même parallèle que le Havre, Pont-1’Evèque, Lisieux, Sées, Alençon, Chinon, Poitiers, Civray, Angoulème, Marmande, Nérac, Tarbes ; et sous le même méridien que Quiinper, Pontivy, Rennes, Laval, Orléans, Montargis, la source de la Meuse, Remiremont. Colmar. Séparée de la Manche par les dép. de l’Orne et du Calvados, la Sarthe est, en ligne directe, à 140 kil. de cette mer, à 200 de l’océan Atlantique, à 575 de la Méditerranée. Le département est borné : au N., par celui de l’Orne ; au N.-E., et sur un court espace, par l’Eureet-Loir ; à l’E., par le Loir-et-Cher ; au S.-E., par l’Indre-et-Loire ; au S.-O., par le Maine-et-Loire ; à l’O., par la Mayenne. Ses limites sont généralement tout ce qu’il y a de plus conventionnel ; c’est rarement qu’une crête de colline (il n’y a pas ici de montagnes), un faite de partage, un large cours d’eau le divisent d’un des départements ses voisins ; on ne peut guère citer que la rivière de la Sarthe, qui le borde à son extrême N., pendant une trentaine de kilomètres, en deux fois ; d’abord en amont, puis en aval d’Alençon, la rive gauche appartenant au département homonyme, et la droite à celui de l’Orne.

Entre ces limites, le territoire de la Sarthe, qui est assez régulier, ressemble plus ou moins à un parallélogramme imparfait, sinon à une ellipse imparfaite. Sa longueur extrême, entre Orne et Indre-et-Loire, du X. au S., à peu près sous le 2° de long., est d’environ 100 kil., la largeur varie entre 40 et 92 ou 93 ; son pourtour arrive à 400, menues sinuosités de la frontière non mises en compte, et son aire, 6.244 kil. q., l’égale presque exactement au département moyen, lequel, obtenu en divisant les 536.408 kil. q. de la France par 87, donne environ 616.000 hect. ; 37 de nos départements sont plus grands, 49 sont plus petits.

Relief du sol. — La Sarthe se présente sous des aspects divers, conformément à sa diversité de roches, et bien qu’elle ne porte pas de collines dignes du grand nom de montagnes, elle a, dans son nord-ouest, dans les granits et les schistes cristallins qui sont sa part de la Bretagne géologique, des sites de la plus grande fierté ; tous ceux qui ont suivi la rivière dont le département tire son nom, de son entrée dans les gorges en aval d’Alençon jusqu’à sa sortie des défilés vers Fresnay, autrement dit de l’endroit où elle quitte les calcaires et les craies du « bassin de Paris » jusqu’aux lieux où elle y rentre, sont unanimes à dire qu’il y a là, le long du courant incroyablement sinueux, un des beaux paysages de la France ; grandioses aussi les roches et les bois de Sillé-Ie— Guillaume. De l’autre coté du territoire, hors de « Bretagne », « en Normandie », dans le susnommé bassin de Paris, le Perche, couvert de forêts, sillonné de riviérettes vives, est une de nos régions gracieuses, mais c’est le dép. de l’Orne qui en a la plus grande part, sans compter ce que l’Eureet-Loir en possède. En Sarthe, le charmant pays de Montmirail est percheron.

En dehors du Perche, de la région « bretonne », où se glisse la Sarthe en aval d’Alençon, et du massif de 340 m. dont les 5.067 hect. de la forêt de Perseigne, chênes, hêtres, pins et bouleaux, recouvrent les quartzites blancs et les schistes rouges, le département consiste surtout en collines de grès et de sable de la craie cénomanienue, si caractérisée par ici qu’elle a justement pris le nom du pays, la région autour du Mans ayant appartenu dans le principe aux Cénomans, nation gauloise. Ces sables sont assez souvent stériles, et beaucoup des coteaux de la Marthe ont une couronne de bois de pins, et où les pins manquent, des bruyères arides ; mais, dans l’ensemble, la contrée est verdoyante, avec beaucoup de bois, des haies vives, de belles prairies. La population s’y éparpille en hameaux, en fermes, en petits domaines, chacun entouré de son enclôture végétale, d’où s’élancent, çà et là, de grands arbres ; et quand c’est à distance d’une cime qu’on contemple la contrée, on a l’impression, non d’une région cultivée, ou d’une région pastorale, mais d’une région sylvestre : de loin, ces arbres « rapportent » tout à eux, ils cachent les dessous, et l’on se croyait devant la « forêt sans bornes ». D’ailleurs, les vraies forêts ne manquent pas : telles celle de Vibraye (3.000 hect.) au N. de Saint-Calais, celle de Bersay ou plutôt de Bercé (ou encore de Jupilles), faite de 5.165 hect. de chênes, pins sylvestres ou maritimes et hêtres, entre Ecommoy et la Chartre-sur-Loir, au S.-E. de la gracieuse et fertile « oasis béli-