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SANGSUE — SANGUINAIRES

veau au bout Je quelque temps ; il sullit Je les conserver dans de l’eau qu’un renouvelle souvent, et elles se dégorgent naturellement. On peut faciliter le dégorgement par le sel, la cendre, la sciure de bois, quelques gouttes de vinaigre, etc. En comprimant la sangsue d’arrière en avant à plusieurs reprises, on la vide presque complètement. Après quoi on la laisse dans l’eau qu’on renouvelle journellement. Le dégorgement naturel est préférable à toute autre méthode. On peut conserver un petit nombre de sangsues dans un vase à fond recouvert de sable ; on renouvelle l’eau tous les jours, et on rejette celles qui meurent ou qui présentent des nodosités (signe de maladie). Vayson a inauguré un petit appareil, le vaysonier, vase de terre cuite percé de petits trous au fond, rempli de (erre tourbeuse et fermé en haut par une toile grossière ; on fait tremper le fond du vase dans de l’eau ; les sangsues y vivent très bien et même s’y reproduisent. On se sert aussi du vaysonier pour le transport des sangsues.

Espèces voisines. — URirudo sanguisorba L. (Hippobdella sanguisuga de Blainv.) fait aujourd’hui partie du genre Htvmopis Sav. ; c’est l’Hœmopis sanguisorba Sav. ou //. vorax Moq. T. Il se distingue de la Sangsue par sa taille plus grande, son corps flasque ne se contractant pas en olive, ses mâchoires munies seulement de 30 dents et ses caecums gastriques plus lobés. Il habite les mares, les fossés et les ruisseaux de l’Europe et du N. de l’Afrique, et, surtout à l’état jeune, entre dans la bouche des chevaux ou des Ruminants quand ceux-ci boivent ; il peut pénétrer dans les voies aériennes et déterminer l’asphyxie, même chez l’homme. Ses mâchoires, trop faibles, ne lui permettent pas d’entamer la peau. La famille des Rhynchobdellides ou Sangsues à trompe protractile renferme des espèces surtout piscicoles et à sang incolore (V. Piscicole, Branchkllion). LesHœmenteria de Eilip., au corps acuminé en avant avec ventouse orale bilabiée, deux yeux sur la face dorsale du deuxième anneau, la trompe longue et pointue, s’attaquent à l’homme. Les //. mexicana de Fil. et H. officinalis de Fil. vivent dans les lagunes de Mexico ; la dernière joue en Amérique le rôle médicinal de notre Sangsue ; H. Ghilanii de Fil. se rencontre dans l’Amérique.

II. Thérapeutique. — Les sangsues s’emploient en médecine pour pratiquer des saignées locales dans les affections inflammatoires limitées de l’œil , de l’oreille, du cou, etc., pour faire disparaître des congestions passives, rappeler le flux menstruel ou hémorroïdal, etc. L’application ne doit pas être faite sur des tissus enflammés ou altérés, sur les organes dont le tégument est très mobile, le tissu cellulaire très lâché, ni dans le voisinage des gros vaisseaux ; il faut éviter de faire piquer la joue, de crainte d’érysipèle ; la tempe se prête bien à l’application des sangsues dans les ophtalmies. Avant de les appliquer, on les laisse hors de l’eau pendant un quart d’heure pour augmenter leur avidité. On prépare la peau de la région où l’application doit être faite, en la rasant, s’il y a lieu, et en la lavant à l’eau tiède ou au lait pour l’assouplir ; puis on approche les sangsues placées dans un verre ou une ventouse, ou dans la main garnie d’une compresse, ou dans un carton enroulé s’il n’en faut placer qu’une, et quand elles ont mordu, on éloigne le récipient ou la main. Le nombre maximum de sangsues placées ne doit pas dépasser 10 chez l’enfant, 30 chez l’adulte. Les sangsues tombent spontanément au bout d’une à deux heures ; si on veut les faire tomber plus tôt, on les secoue sans les arracher, ou on les saupoudre de sel ou de cendre. Après que l’ecchymose consécutive s’est dissipée, on trouve au lieu d’application une petite cicatrice blanche triangulaire. En général, il y a avantage à laisser couler le sang le plus possible ; pour favoriser l’écoulement, on peut placer sur les petites plaies des compresses de gaze imbibée d’eau tiède. Un autre moyen, c’est de trancher d’un coup de ciseaux la sangsue par le milieu du corps, pendant qu’elle se gorge ; elle conlinue souvent la succion, dans ces conditions pendant deux heures. En revanche, si l’hémorragie persiste trop longtemps, après l’enlèvement d’une sangsue, on applique une petite rondelle d’amadou qu’on maintient avec le doigt jusqu’à cessation de l’hémorragie ; on peut encore se servir d’alun ou d’eau de Pagliari employés avec prudence, ou l’on cautérise la petite plaie avec une épingle rougie ; il faut éviter l’usage du perchlorure de fer qui est susceptible de redissoudre des caillots déjà formés et de raviver l’hémorragie. — On est parfois obligé de placer des sangsues dans la cavité buccale ; si par accident une sangsue pénétrait dans l’œsophage ou l’estomac, il pourrait en résulter une hémorragie grave. Dans ce cas, on administrerait du vinaigre ou une solution concentrée de sel marin pour tuer l’animal, et l’on ferait vomir ; de même, si une sangsue était avalée avec une eau impure. Enfin, dans le cas de pénétration d’une sangsue dans le rectum, on ferait prendre également de l’eau vinaigrée ou salée, et on donnerait des lavements d’eau salée. D’après Jamain, cet accident ne serait guère à craindre, les sangsues étant repoussées par l’odeur des matières fécales. D r L. Haiin. SANGUÈSE (La). Rivière de France (V. Loire-Inférieure, t. XXII, p. 462 et Maine-et-Loiiie, t. XXII, p. 993).

SANGUIN de Su.nt-Pavin (Denis), poète français (V. Saint-Pavin).

SANGUINAIRE (Sanguinaria Dill.). Genre de Papavéracées-Papavérées, créé pour le S. canadensis L., petite herbe vivace de

l’Amérique du

Nord, à rhi-

zome cylindrique

noueux, à fleur

unique, pédoncu-

lée, régulière

et hermaphro-

dite. Pétales 6-

12, inégaux, ca-

ducs ; étamines

nombreuses, hy-

pogynes, à an-

thères basifixes ;

gynécée formé

d’un ovaire uni-

loculaire, à 2

placentas parié-

taux pluri-ovu-

lés ; fruit sec ,

stipité ; graines

lisses à arille

charnue ; albu-

men charnu, em-

bryon très petit.

Toutes les par-

tics sont gorgées

d’un latex rou-

geâtre. Le rhi-

zome, doué de

propriétés irri-

tantes, est un

puissant éméto-

cathartiqueet

narcotico - acre.

Cette action est due à un alcaloïde, la sangninarine, qui est identique à la chélérythrine du Chelidoniummajus. Le rhizome de Sanguinaire s’emploie comme vomitif en décoction ou en infusion (30°/ oo ), et en poudre ou en pilules, à la dose de 0- r ,30 à l- r ,50. SANGUINAIRES (Iles). Ilots de granit rouge (d’où vient leur nom), à l’entrée du golfe d’Ajaccio (Corse). La grande Sanguinaire, peuplée de 20 hab. et vaste de 100 hect. seulement, porte un phare de premier ordre et un Sanguinaire.