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SALUT - SALUTATION

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formule devient : iV..., par la grâce de Dieu roi de France, à tous présens et à venir, salut. Les petites lettres patentes contiennent également le salut : Universis présentes litteras inspecturis, salutem, et en français : A tous ceulx qui ces présentes lettres verront, salut. Les mandements royaux portent comme salut, au xiv e siècle, la formule salut et dilection ; le mot dilection fut supprimé à partir de la fin du xv e siècle. — Les actes des autorités ecclésiastiques contiennent également le salut. Les chartes épiicopalw portent la suscnption et l’adresse, suivies, soit du salut, soit d’une formule générale de notification s’adressantà tous les fidèles qui prendront connaissance de l’acte. Les actes des officialités portent : Salutem in Domino. — Les actes privés, délivrés par les baillis et les vicomtes ou prévôts, qui faisaient fonctions de notaires publics avec le titre de gardes du sccl des obligations, ont leur protocole initial terminé par un salut : A tous ceulx qui ces lettres verront ou orront (entendront), salut. ■ — En Allemagne, les mandements des empereurs avaient un protocole initial très sommaire, contenant le nom du souverain en abrégé, l’adresse et une formule de salutation, qui était généralement gratiam suam et omne bonum. — En Angleterre, les usages de la chancellerie capétienne furent introduits après la conquête normande. Les diplômes ont la suscription, une adresse assez développée et le salut {salutem). Les lettres patentes ont un protocole initial semblable à celui qu’avaient les mêmes documents en France (Universis présentes litteras inspecturis, salutem). — Il y avait également un salut final, beaucoup moins en usage que le précédent. Il dérivait de la formule Voie ou Cura ut valeas et autres formules analogues, en usage dans l’antiquité à la fin des lettres missives. Il a reçu le nom i’apprécation. Il n’a été usité que pendant la première moitié du moyen âge, jusqu’au xn e siècle. La formule du salut final était généralement Benevalete ou une formule analogue, comme on en rencontre quelquefois sous les Mérovingiens, par exemple : bene et valias (pour valeas), dans un diplôme de Childebert III. Le Denevalete des bulles pontificales est la forme la plus remarquable prise par le salut final (V. Bulle, t. VIII, pp. 415-10). E.-D. Grand.

V. Théologie. — Suivant notre coutume, nous dégageons des spéculations des théologiens la doctrine chrétienne du salut, pour en prendre simplement l’expression dans les textes du Nouveau Testament. — Voici, d’après les manuscrits les moins contestés, les paroles de Jésus-Christ dans lesquelles il emploie le mot saucer, pour indiquer et caractériser l’objet principal de son œuvre : « Le Fils de l’homme est venu chercher et saucer ce qui était perdu, aûacu xo à ;toXu>Aoç (Ev., S. Luc, xix, 10). « Dieu n’a point envoyé son Fils unique dans le monde, pour condamner le monde, mais afin que le monde fût sauvé par lui (Ev., S. Jean, ni, 17). En sa 7 rc épltre, saint Jean donne formellement à Jésus-Christ le titre de Sauveur du monde, tov uîôv atotfjpa toS xoajxuu (iv, 14). • — Dans le prologue de son Evangile, Jean avait ainsi décrit l’effet de la venue du Verbe créateur painii 1rs hommes : « C’est en lui qu’était la vie ; et la vie était la lumière des hommes. Et la lumière luit dans les ténèbres... (i, i, 5). A tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être faits enfants de Dieu (12). — Dans lis Epîtres, les procédés du salut sont présentés, sinon différemment, im moins autrement : « Ce Christ s’est livré pour nos péchés, afin de nous sauver de la corruption du monde (Gai., i, 4) ; par sa mort, il nous a rachetés de la malédiction de la loi (Gai., m, 13) ; il a vaincu le Diable et détruit sa puissance sur les hommes (Col., U, 15 ; llcbr., ii. 1 i) ; il a sieiléla nouvelle alliance par son sang (I, Cor., xi, 25) ; il s’est offert lui-même comme une victime pour le pardon de nos péchés (Eph., v, 2) ; il a été mis ù mort pour nous comme un agneau pascal (I, l’ier., i. H*) ; et il est devenu en même temps victime et sacrificateur, en sorte que c’est par lui que nous avons été purifiés et sanctifiés (Hébr., v, 7-9), et que nous sommos rentrés avec Dieu dans le rapport intime qui existait entre lui) Adam, avant la chute ; et c’est le mérite du Christ qui nous a reconquis ce que cette chute nous avait fait perdre (Rom., v, 17-18 ; Hébr., n, 14). — Pour notions complémentaires, V. I’ropitiation, Rédemption, Satisfaction. VI. Liturgie. — On appelle Salut un office en l’honneur du Saint-Sacrement. Il est ainsi nommé à cause du premier mot de l’antienne que l’on y chante, au moment de l’exposition : Ave, Yerum. Il se fait ordinairement après vêpres ou compiles. Dans quelques paroisses, on le sépare des compiles, et on le remet au soir, afin de ne pas trop prolonger les offices. Régulièrement, on ne devrait employer le nom de salut, que lorsque le Saint-Sacrement est exposé. Si on ne donne que la bénédiction du saint ciboire, il n’y a pas de salut proprement dit. Toutefois, un décret de la Sacrée Congégation des Rites (4 févr. 188(j) autorise pour le Saint-Sacrement I’expositioh privée, laquelle consiste à ouvrir la porte du tabernacle, pour bénir ensuite le peuple avec le saint ciboire. — L’exposition solennelle ne peut se faire qu’avec l’ostensoir (V. ce mot).

— Dans plusieurs provinces, il y a, principalement les premiers vendredis de chaque mois, uu office appelé Salut de la Sainte-Croix. On y expose une relique de la vraie croix, en chantant la strophe : Cru.r, ace. Ce salut a lieu aussi aux fêtes de Y Exaltation et de l’Invention de la Sainte-Croix (V. Croix). E.-IL V. Armée du salut (V. Boom [William]).

VII. Métrologie. — Salut d’Or. — Nom d’une monnaie qui fut frappée en France au temps de Charles VI, puis sous Henri VI, roi d’Angleterre, et qui était ainsi appelée parce qu’elle portait gravée la salutation de l’ange à la Vierge.

Bcdl. :Mœurs et coutumes. — A. Rien, Dictionnaire des antiquités grecqueset romaines. — Erasme, Colloques.

— A. Monteil, Histoiredes Français des divers Etats. — Les auteurs cités dans l’article, passim. Droit international. — A. Rivier, Principes du droit des gens ; Paris, 189G, t. I, p. 217. — Pradii.r-Fodéré, Traité de droit international public ; Paris, 1885 etsuiv., t. 11, 519-594. - Perels, Secrecld ; Berlin, 1882, §§ 25 à 27. — IIalleck, International Law ; San Francisco, 1861. § 29. — Dudley-Field. Projet d’un code international, trad. A. Rolin ; Paris, 1881, art. G7. — Calvo, (e Droit international théorique et pratique ; Paris, 1S9C, §§ 232 et suiv.

Diplomatique. — Giry, Manuei de diplomatique, pp. 590, 6^-700, 751-82, etc, — Nouveau Traité de diplomatique, t. IV, V et VI. — De Wailjly, Eléments de paléographie, t. I, pp. 202- 1.

SALUT (lies du). Groupe de trois Iles (Royale, Saint-Joseph et du Diable) situé en face de l’embouchure du Kourou, sur la cote de la Guyane française, à environ 7 milles au large. Elles sont séparées par un étroit chenal assez, profond où peuvent passer les bâtiments de toutes dimensions. La plus grande est l’ile Royale ; la plus petite est Saint-Joseph. Toutes trois servent de dépôt pour les condamnés ; c’est dans l’île du Diable que Dreyfus l’ut enfermé pendant quatre années. Elles sont rocheuses et peu boisées. Ch. Laroussie.

SALUTATION. I. Antiquité romaine. — I. Chaque jour, dès le matin, les clients des grands de Rome se rendaient au domicile de leurs patrons, soit pour leur (aire honneur, soit pour les entretenir des affaires ou ils pouvaient avoir besoin l’un de l’autre. C’est ce qu’on appelait la sa/uiotion. Les amis ou les grands clients étaient reçus d’abord. On les appelait ceux de la première ou de la seconde admission. Ensuite, suivant le degré de considération dont jouissaient les autres, on les introduisait séparément ou avec la foule, le maître leur parlait ou se contentait de leur rendre leur salut. Un esclave appelé nomenclator et plai é derrière devait lui rappeler le nom de chacun de ceux qui se présentaient. L’usage s’introduisit de bonne heure de distribuer aux clients, en récompense de leur peine, soit quelques aliments, soit une petite pièce de monnaie (sportula). Mais cet usage de la salutation, que justifiaient les