Page:Grande Encyclopédie XXIX.djvu/30

Cette page n’a pas encore été corrigée

SABRE — 16 — mieux le sabre que l’épée, parce que, de toute antiquité, le Hun et le Turc ont eu le cimeterre pour arme nationale (V. Schiavone). Maurice Maindron. II. Art militaire. — Le combat à pied est, pour la cavalerie, une nécessité de la guerre moderne, et l’arme du cavalier à pied est la carabine. Les armes blanches né sont donc plus appelées à jouer qu’un rôle très secondaire. Elles demeurent cependant l’arme essentielle du cavalier à cheval, la seule dont il doive encore faire usage dans les engagements de cavalerie contre cavalerie ou dans les corps à corps isolés, et bien que la lance ait été, en ces derniers temps, partiellement remise au service dans quelques-uns de nos régiments, bien que toute la cavalerie allemande en soit pourvue, la suprématie semble rester définitivement au sabre, qui, d’ailleurs , bénéficie , à l’heure actuelle, chez nos voisins, d’un mouvement de revirement très prononcé. Seule, une grosse question continue à diviser notre cavalerie, et si le règlement l’a momentanément tranchée , elle est loin, en fait, d’être vidée : nous voulons parler de la forme de la lame. En faveur de la lame droite, on fait valoir que les seuls coups qui tuent sont les coups de pointe, que les coups de taille ne font que blesser légèrement et , conséquemment, sont inutiles : « Le coup de pointe, disait le général de Galliffet, a toujours été le coup favori de la cavalerie française». Les partisans de la lame courbe font, de leur côté, observe)’ qu’il est de l’instinct de l’homme de se défendre en frappant à la foisd’estocetdetaille. « Cet instinct, disent-ils, l’éducation militaire peut bien , jusqu’à un certain point, le discipliner ; mais il reprend ses droits au moment de la lutte individuelle et surtout de la lutte d’un seul contre plusieurs. On diminuerait donc la confiance de l’homme en le privant de ce moyen de défense». Le débat est vieux, d’ailleurs, de plusieurs siècles : il remonte aux croisades. Les hommes d’armes répugnaient à emprunter quoi que ce fût à leurs ennemis religieux, aux Turcs, et ils considérèrent l’épée droite comme l’arme noble, laissant les lames courbes aux gens de pied. Il en fut ainsi jusqu’à la Révolution. Mais il y eut alors une réaction, et les armées républicaines, pour prendre le contrepied des anciens gentilshommes, donnèrent la préférence aux lames cintrées. Avec la Restauration, la question se posa à nouveau et, commencée en 18i t>, la discussion s’est, nous l’avons dit, perpétuée jusqu’à nos jours, avec des temps d’arrêt, où l’une des lames est arrivée à sup-Fig. 1. — Sabre courbe mod. 1822 (cavalerie lé-Fig. 2. — Sabre dr< lit mod. 1882 (cavalerie légère). planter complètement l’autre : lame courbe en 1822 ; lame droite en 4882 et en 1898. L’uniformité n’a jamais été, d’ailleurs, de bien longue durée, et, par suite, elle n’a jamais été pratiquement réalisée, l’épuisement des anciens modèles n’étant jamais complètement achevé avant qu’on en revint au système mixte qui a, en général, prévalu : lame droite pour la cavalerie de ligne ; lame courbe pour la cavalerie légère, l’artillerie et le train des équipages. Présentement, toute la cavalerie se trouve réglementairement dotée par les décisions ministérielles des 23 déc. 1896 et 11 oct. 1898 du sabre à lame droite mod. 1896 (fig. 3). Il est à un seul tranchant, avec deux pans creux à fond plat, un sur chaque face ; la pointe est dans l’axe de la lame ; le dos, prolongé jusqu’à la pointe, est rendu coupant dans le voisinage de celle-ci par une gouttière de dos : la garde, de forme symétrique et à cinq branches, comporte une large coquille, de manière à bien protéger la main ; les pièces métalliques de la monture sont en laiton ; la poignée est enboisdur,àcordons, recouverte d’une basane en cuir vert, maintenue par un filigrane. Il y a deux tailles : le sabre long de 9, v > centim. pour les cuirassiers et les dragons, qui pèse, fourreau compris, l k ?,870 et le sabre court, de 90 centim., pour la cavalerie légère, un peu plus léger. En important progrès a été réalisé, d’autre part, dans la fabrication même de la nouvelle arme. Sa lame et toutes ses autres parties autres que la garde sont, par une extension de ce qui existait déjà poulies sabres- baïonnettes, établies mécaniquement, et le travail de la meule, en particulier, qui était si meurtrier pour les ouvriers, a pu être supprimé. La substitution, au surplus, demandera de nombreuses années, car la production de la manufacture de Chàtellerault est. pour des raisons diverses, très lente, et, longtemps encore, les sabres en service dans la cavalerie seront : pour la cavalerie légère et l’artillerie, le sabre, légèrement courbe. <• à la Montmorency » mod. 1822 (fig. 1), de 92 centim. de longueur et de m ,038 de flèche, avec garde à trois branches et du poids, fourreau compris, de 2 k s,400 ; pour la cavalerie de ligne, le sabre droit mod. 1882 (fig. 2), de m ,9o de longueur, avec garde à trois branches et du poids, fourreau compris, de l k s,850. II existe également encore en service, dans la cavalerie de ligne, quelques sabres droits mod. lSoi transformés. Quant aux officiers de cavalerie, ils sont armés d’un sabre mod. 1896 analogue à celui de la troupe, mais plus léger et en trois longueurs, suivant Fig. 3. — Nouveau sabre mod. 189K i’ ;i s lerie de li^ne).