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WYSTÈRE

(ères : tels les Ceryces el les Eumolpides. Tous les fidèles initiés y participaient dans une certaine mesure, après avoir été l’objet d’une consécration. Celle-ci se faisait par la communication des objets les plus intimes < i n culte, des amulettes et aussi des Formules qui préservaient du malheur, conjuraient les dangers et assuraient après la mort une existence privilégiée dans un lieu de délices. Sur ce point encore, le pythagorisme, ses leçons sur la purification par la souffrance et les privations, continuées même an delà de la vie. exercèrent une action prédominante. L’initiation comportait à la Fois des actions et des discours (Spcifuva y.x : Xsfdfievct) ; le premier terme embrasse tout l’appareil do eulte auquel à Athènes et à Eleusis tons les procédés capables do frapper les sens, la peinture, h statuaire, l’architecture, la musique, la décoration et le costume concouraient dans un ensemble véritablement artistique, lue mention spéciale doit être faite de la repré sentation des mythes par une sorte île figuration théâtrale ; c’était, avec un grand souci de la beauté en plus, ce que devait être au moyen âge la mise en scène des mystères de la foi et de la légende des saints dans I s églises et sur les parvis. Ces représentations s’éloignaient ’le la tradition do l’anthropomorphisme homérique en ce si ns que los dieux, au lieu d’être conçus comme immortels et immuablement heureux, passaient par <U-> épreuves, soutiraient et mon raient pour entrer enfin dans la glorification : ainsi Bacchos, avec les surnoms d’iacchus et de Zagreus dans les mystères dionysiaques, Adonis dans ceux d’Aphrodite, Attis dans ceux de Cybèle, Perséphone dans ceux d’Eleusis. Les assistants entraient en communion avec les souffrances des dieux : ces souffrances mêmes n’étaient que l’image des misères do la vie, au bout desquelles l’initiation faisait luire, dans le rayonnement des torches et l’atmosphère parfumée d’encens, la perspective de la félicité surnaturelle. Parmi ces actions mystiques, il faut citer aussi les symboles, phallus représentant la fécondité, breuvages donnant l’illusion du rajeunissement, fleurs répandues à profusion et ayant chacune leur langage, passages subits des ténèbres à la lumière, déploiement de costumes brillants et étranges, étalage d’emblèmes qui prenaient une signification theologique ou morale, on un mot tout ce qui dans les anciens cultes de l’Orient et depuis lors dans le catholicisme, héritier a la fois de l’Orient et de la Grèce, a été invente par les prêtres pour l’exaltation du sentiment religieux jusqu’au ravissement et a l’extase. Par la difficulté même que le catholicisme a rencontrée pour contenir cette exaltation dans les limites de la morale et d’une certaine raison, il est facile de comprendre que les mystères du polythéisme, issus des mêmes besoins et employant les mêmes moyens, aient abouti trop souvent à rouvrir du voile de !a religion les pires excès de la luxure et du fanatisme. C’est le cas, sinon des mystères d’Eleusis et de Samothrace. qu’une antique tradition défendait dans une certaine mesure contre les importations corruptrices, du moins des mystères venus d’Asie, de ceux de Cybèle originaires de la Phrygie et transplantés .1 Home durant la seconde guerre punique, de ceux d’Hécate anciennement pratiqués dans l’île d Egine et plus tard confondus avec I- s cultes dissolus de Cottyto et de Bendis, qui sont encore en grande faveur sous I- règne de Dioctétien : de ceux d’Adonisdont 1- poète Théocrite nous a trace un tableau si pittoresque ; de ceux d’Isis enfin et de Mithra qui recueillirent au déclin du pagani-ine tous le> éléments mystiques du polythéisme et lurent pour ainsi dire la seule religion du monde gréco-romain dans la période qui précéda l’établissement de la foi chréliei ne. ’est le cas enfin de certains mystères prives, de ceux des orphéotèlestes que nous voyons installés dans les carrefours d’Athènes, au temps de Démosthène. et de ceux qui fournirent a des charlatans de theurgieetde magie, comme Alexandre d Ibonoteii nos et Apollonius de Tyane, les moyens de séduire les foules ignorantes et d’exploiter leur crédulité. L’épisode des hanales raconté parTite-Live (39, 8-18) nous montre à quel point les cérémonies, parties du principe lo [dus louable et objet des plus enthousiastes éloges, de la pari d’esprits èminents comme Pindare, Eschyle, Sophocle, etc., sont capables, à la longue, d’égaror et de corrompre les nations les mieux trempées. La répression du Sénat fut impitoyable ; plus de 7.000 personnes, dont le plus grand nombre appartenant aux classes élevées de la société, y furent impliquées ; commencée en 1 1 > T av. J.-C, elle durait encore six années plus lard, s’elfoivant d’étoull’ci’ dans le san- le débordement de la superstition mystique. Rien n’y lit ; avant le déclin de la republique, la religion des mystères offrait à lloaie le meilleur refuge, et aux agitateurs politiques et aux amateurs de plus en plus nombreux de cultes sensuels, stimulants de la luxure et de la cruauté.

III. Systèmes divers. — Il est piste de dire qu’en Grèce jamais les mystères, quoiqu’ils fussent entachés des mêmes vices, ne tombèrent aussi bas. même sous leur forme la moins recommandable ; c’est au tempèramenl national et non au mysticisme en lui-même qu’il faut faire honneur de cette supériorité d’ailleurs relative. On aurait tort toutefois de croire, comme l’ont soutenu certains historiens, qu’ils y furent des écoles de philosophie religieuse et morale, corrigeant et complétant, au profit de la civilisation, le principe insuffisant de la mythologie anthropomorphiqu . Sainte-Croix et Creuzer sont les principaux représentants de ce système : pour eux, des mystères d’Eleusis et de Samothrace seraient sorties les grandes leçons qui par Pythagore et Platon ont renouvelé la science et fondé une religion sur les bases delà philosophie rationaliste. Aux temples de Déméter et des Labiées (V. Cabihes), les prêtres auraient enseigné les premiers, mettant les symboles au service d’une théorie abstraite, ce que nous savons aujourd’hui de plus sur sur Dieu, l’homme et le monde. Lobeck, dans son génial ouvrage sur les causes de la théologie mvstique, n a pas seulement prouve que celte théorie ne repose sur aucun témoignage sérieux, mais que, prise dans son ensemble, la religion des mystères est une dégradation et non un perfectionnement, encore moins une idéalisation de l’anthropomorphisme. Voss avant lui en avait fait uw. invention des prêtres, s’ingéniant à conquérir en Grèce l’autorité et l’influence que leur caste exerçait chez les peuples orientaux. Lobeck [plus justement a distingué entre les mystères ; il a montré que l’esprit athénien a donné à ceux d’Eleusis sa propre dignité et que les grands esprits qui les ont vantés, parfois avec enthousiasme, ont, avec la liberté inhérente au sentiment religieux de leur milieu el de leur temps, nus dans les enseignements sortis du temple de Déinéter leurs conceptions personnelles sur la sainteté des dieux et sur la subordination de l’homme. La métaphysique que l’on croit voir dans les mystères y est venue par les philosophes de profession, et les philosophes seuls l’y retrouvaient ; quant aux piètres chargés du culte, ils n’avaient pas a la prêcher ; et même à supposer qu’ils l’eussent professée pour leur compte, ils ne la communiquaient qu’accidentellement aux fidèles. A ce point de vue, le résultat le plus clair de l’orphisme et de la religion d’Eleusis fut de propager, et encore dans des limites restreintes, la croyanci i la vie future, la nécessité pour l’homme de la purification et de l’expiation. D’autre part, eut dire que, par l’usage des symboles dans le culte et île l’allégorie dans l’interprétation des mythes, les mystères ouvrirent la voie au système d’Evhémère qui explique les dieux par l’apothéose des grands hommes de la préhistoire et à la théogonie stoïcienne qui les réduit à n’être que des abstractions personnifiées ; par là les mystères furent les premières écoles, mais inconscientes et imprécises, du monothéisme. J.-A. Ilii.n.

II. Théologie. Jésus-Christ appelait sa doctrine le myttèredu royaume des 1 ieux {Ed. saint Matthieu, Mil, II). Dans sa première épilre à Ti ?nothée (Uî, 9), saint l’aul appelle myst *re de I > /"in- que les évèques doivent enseigner aux fidèles. Dans d’autres épttres, il indique