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grandeur cl de beauté. L’utilitarisme égalitairc rêve aussi l,i |i.n universelle, le bien-être ol l.i sécurité di tous, le bonheur universi I ; il refi pter la lutte inévitable de l !i" ic contre la nature el contre la volonté des autres I mes, le désir de puissance, l’inégalité nécessaire de l’homme et de la femme, du maître et de l’csi lave. L’utilitarisme comme le christianisme n’es ! qu’un mensonge el qu’une lâi heté. Les savants el les philosophes se son) montrés impuissants .1 créer une morale nouvelle : ..h la mur. île des philosophes n’esl qu’un christianisme déguisé, leur <■ absolu •. leur - substa - leur « raison : ontrefaçon de « l'autre monde > de la morale chrétienne ; el quant aux savants, ce son) tantôt des manoeuvres consciencieux, des façons d’ouvriers etd’esclaves, i.iiiini des esprits ■• objectifs » ou des sceptiques, qui pe savent que constater ou que douter el qui n’uni plus la force de vouloir ; quels qu’ils soient, savants el philosophes, ont poux foi la poursuite de la vérité .1 toul prix, fût— elle malfaisante el nuisible à la vie, et par là leur morale §fi ramènes la morale ascétique ; i|s ’ croienl vis-à-vjs de la vérité les mêmes devoirs que les chrétiens vis-à-vis de leur Dieu. Entre l’utilitarisme qui ne voit dans la vie que la recherche du bien-être et le christianisme qui nie la rie réelle e| aspire à un idéal chimérique, il m’ reste Replace que pour la doctiune du surh ""’• -2" Conception de la sociét ■ et de l’histoire- La morale nouvelle n’est pas. comme le christianisme ou l’utilitarisme, une morale pour tous, elje ne s’adresse qu .1 une éJjite, à une minorité de privilégiés. Le développement d’un, petit nombre d’individualités supérieures suppose l’asservissement de |a masse. Il n’esl possible que dans uni 1 société aristocratique comme la Grèce antique. La tâche ilu philosophe est de travailler, en transformant l’âme des nommes supérieurs, leur manière de sentir el de vouloir, à la création de cette aristocratie nouvelle. Elle résultera ainsi d’une éducation consciente et réfléchie, combinée avec la sélection naturelle des hommes faits pour commander, c ne l’était un Napoléon, chefs désignés par le ileslin même, qui, (huis la lulle pour la puissance el la ilominuiion. tendent a l’emporter. — D’où rienl la « taille des valeurs » ipii régil la SO-riété actuelle ? Si une morale dogmatique est impossible el nuisible a la vie. si l’idéal moral ne peut qu’être proposé à l’âme comme un idéal artistique degrandeur et de beauté, une « histoire naturelle de la morale » est possible et, en nous dévoilant 1rs mensonges et les bassesses ou la morale arluelle a son origine, elle ne peut que favoriser l’avenemeiii de la morale nouvelle et le développemenl de la vie. Celle histoire morale de l’humanité n’est pas. comme pour Spencer, l’exposé d’une évolution uniforme el bienfaisante ; c’est l’expose de la suite des événements historiques ipii ont amené la décadence morale de l’Europe contemporaine en pervertissant chez les hommes d’aujourd’hui le sentiment île la vie : Nii’l/.-i lie. aec son intuition artistique de rhonime individuel dans toute la réalité et la richesse de sa ie concrète el historique, ne pouvait se sentir à l’aise au milieu des abstractions décolorées de Spencer ; et il ne pouvait pus davantage s’accommoder de son optimisme utilitaire, de sa foi dans la nature pour amener nécessairement l’étal moral el social le plus désirable au gré du philosophe anglais, le bonheur du plus grand nombre, le triomphe de I « altruisme ». Les proés de l’altriiisine pour Mel/.sche ne sont pas désirables. nuits funestes ; l’evolulion ne doîl pas aboutir nécessairement ù ce que les bouillies d’aujourd’hui appellent le bien : elle n’est pas une simple lulle pour l’existence, pour la conservation, pomme le prétend Darwin, elle esl une lutte pour la puissance et la domination ; la vie n’es| pas si pauvre que les êtres viyants aient pour fin 3i 1 ollseï -M’i-Ti qu’ils doivent se coli lolll’ïï 7 do I. ; bien-être, du repos, du bonheur ; la vie saui en Voie de développement el de pi’OgrèS, es| nu perpétuel effort v ers ui xpansion nouvelle, el tepd perpétuellement i 1 lb- ue-iii’- .-i .1 l’eiuporlei sur autru el des

Jominateut

1 nui s. r.u tout nous voyons d< iventu-

intrépides, de volonté forte el dure. des minorités d’hommes de proie, établir le 1 . le troupeau des races plus paisibles, moins guerrières el moins pour l’exploiter h leur profil : c esl ainsi que naissent la civilisation grecque cl I • 1 ivilisalion • insique lent, sur les ruini

U fi-iiiaiiiqnes. De la deux types fondamentaux de ni la •■ mor.de des maîtres » el celle des esclave*. Le maître, le noble détermine par rapport à lui-même la valeur des hommes et des choses. Il esl orgueilleux el joyeux de vivre. Le « bon > pour lui, c’esl le noble son ■ . <• mauvais », c’esl l’esclave, l’inférieur. Le « bien I ensemble des qualités qui lui assurenl la p honore ceux qui savent dominer autrui etsedomini mêmes ; il méprise la faiblesse, la lâcheté, l’humilité, la flatterie, le mensonge ; il ne se reconnaît d’obligations qu envers ses pairs. Cb"/. les vaincus, les faibles, les . les sentiments dominants ne sont plus la joie de vivre et l’orgueil, mais 1,, défiance de la vie et la naine des puissants qui les oppriment : aussi le puissant qui fait duremenl ei joyeusement usage de sa force devient-il le <■< méchant ». dans la morale des esclaves : le « bien ,■. ce soûl alors les vertus, neprisees des puissants, qui rendent la vie moins dure aux faibles, aux souffrants : la pitié, l’humilité, la patience industrieuse. C’esl chez les Juifs. 1 l’époque de la captivité, que nous voyons comment la des maîtres s,, transforme en morale des esclaves ; tant qu’ils avaient été loris, les juifs avaient glorifié la force : quand ils se sont trouvés opprimés, ils ont combattu, d’une effroyable haine, les valeurs aristocratiques : l’instinct de la domination, toujours vivace, mais perverti par l’impuissance, l’orgueil changé eu envie et en 1 liment. |es a Conduits a croire que les malheureux seuls sont bons el a espe] vr une vie fut lire OU seuls ils seront heureux, où bs puissants de ce monde souffriront, où les premiers seronl les derniers. C’est la l’origine du tianisine. dont la Création est, avec l’exaltation de la vie dans la Créée du v 1 sie,|e. le fait capital de l’histoire morale de l’humanité. 11 esl Ile de la rencontre du « ressentiment » juif avec « l’idéalisme » platonicien el le pessimisme hindou ; d a inventé un monde de fictions qui sont comme autant d’aiieslhe.siques pour les soutirants et les opprimés ; il esl « la revanche de l’esclave » contre la civilisation aristocratique des Grecs et des Romains. De ses deux créateurs, Jésus et saint Paul, nés tous deux parmi un peuple opprime et dans une humble condition. le premier esl un dégénéré, chez qui l’affaiblissement de la vitalité se traduit par un besoin d’affection, par le desir d’aimer et d’être aimé ; le second est un plébéien ivre de bail I d’orgueil. Depuis deux mille ans la lutte se poursuit en Europe entre l’esprit de Home et celui de la Judée. Mais la Renaissance, héritière de la Grèce et de Rome, a eie vaincue par la Réforme de Luther, le plébéien ci l’héritier de saint Paul ; la France classique et aristocratique du XVII e el du xvnr siècle, avec son idéal de noblesse el de beauté, a p. ri .lalls la Révolution, « la dernière des révoltes d’esclaves ». ,-t Napoléon, type du m. litre et ilu dominateur, n’esl apparu qu e pour succo mber a son tour, fout indique dans l’Europe contemporaine une diminution de la vitalité : on retrouve le renoncement pessimiste des Hindous et l’utilitarisme borné des Chinois ; la race humaine semble cesser de se développer et s’immobiliser dans la médiocrité. Jusqu’à l’homme, la vie.au delà des esp ’ces existantes, a crée s.uis cesse des i nouvelles : l’homme lui-même n’a pas . esse jusqu’à d’enrichir s, m ame de sentiments nouveaux et de puissances nouvelles ; l’espèce humaine, à la différence des autres esp «es vi - esl pas encore fixée définitivement dans ni laines manières de sentir, de