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AMRITA - AMRITSAR
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la queue, tirèrent énergiquement les uns d’un côté, les autres de l’autre, mais longtemps : sans succès, au point que Vichnou fut obligé de communiquer sa force aux travailleurs épuisés. Divers êtres merveilleux avaient émergé de l’Océan puissamment remué, lorsque parut l’Amrita renfermé dans une aiguière blanche que portait Dhanvantari. Ce fut le signal d’une lutte acharnée. Des le début, le précieux breuvage tomba entre les mains des Asouras. Vichnou, par une ruse habile, se transformant en femme ravissante, passa du côté des adversaires qui, fascinés par cette beauté, s’empressèrent de lui faire boire l’Amrita et lui abandonnèrent le vase que Vichnou porta aux Devas pour les en abreuver. Les Asouras fondent alors sur les Devas avec impétuosité : et un combat terrible s’engage. La victoire resta aux Devas qui, mis en possession de l’Amrita, en confièrent la garde à Vichnou. L’aiguière qui contenait le précieux breuvage fut placée au centre d’un feu ardent qu’un vent brûlant entretenait sans cesse. Une machine formée d’un disque qui tournait continuellement et de rasoirs tranchants, deux dragons aux yeux flamboyants et à la geule enflammée complétaient la défense de l’Amrita, sur lequel Bhaumana veillait sans cesse. Les Devas faillirent perdre l’Amrita. Le gigantesque volatile Garouda, fils puiné de Vinatâ, se trouvait, par suite d’une querelle de famille, dans la dépendance de ses cousins, les serpents fils de Kadroû. Ceux-ci étant prêts à renoncer à leur supériorité si l’Amrita était mis en leur possession. Garouda tenta de s’emparer du breuvage objet de tant de convoitises, et il y réussit. Tous les obstacles furent brisés par lui. L’armée des Devas, qui essaya de l’arrêter, fut

Le barattement de l’Océan.


mise en déroute ; Bhaumana fut tué ; le feu fut éteint par les fleuves que Garouda avait aspirés ; les dragons furent aveuglés par la poussière que soulevait le battement des ailes du monstre. Enfin, il s’introduisit dans la machine et, échappant ainsi au tranchant des rasoirs et du disque, saisit l’aiguière et l’emporta précipitamment. Le roi des Devas, Indra, lança sur lui sa foudre. Garouda ne fut pas blessé ; néanmoins, il fit amitié avec Indra et lui expliqua ce qu’il allait faire afin que le roi des dieux reprit l’Amrita à l’insu des serpents. Garouda alla donc déposer l’Amrita sur les herbes dites Kousa qui appartenaient à ses cousins. Ceux-ci, sans défiance, vont faire leurs ablutions pour se rendre plus dignes d’absorber le breuvage d’immortalité. Pendant ce temps-là, Indra survient en tapinois et l’enlève. Les Serpents n’eurent d’autre consolation que de lécher les herbes Kousa que l’Amrita avait touchées, et qui, par suite de ce contact, ont acquis une vertu purificative. L’Amrita repris par Indra resta définitivement le partage des Devas. C’est leur roi qui en a la disposition. Pour rendre la vie aux morts, principalement aux dieux, pour rendre des forces à ceux qui sont épuisés, Indra n’a qu’à faire pleuvoir l’Amrita. On parle d’armées entières abattues qu’une aspersion d’Amrita a remises sur pied. — Sans se préoccuper de confirmer ou d’infirmer les traditions brahmaniques sur l’Amrita, les bouddhistes ont adopté ce terme et lui ont donné une signification qui leur est propre. L’Amrita est, pour eux, soit la vérité qui assure la délivrance, soit la délivrance qui s’obtient par cette vérité : Sâripoutra et Maudgalyâyana, qui devaient devenir les deux principaux disciples de Sakyamouni, s’étaient, avant de le reconnaître, sépares l’un de l’autre pour chercher l’Amrita chacun de son côté, sous la condition que le premier qui le trouverait le communiquerait à l’autre. Cet Amrita est la vraie doctrine. Quand Sakyamouni a trouvé la Bodhi, c.-à-d. cette lumière intellectuelle qui fait qu’on est bouddha, le bruit se répand


qu’il a trouvé l’Amrita. Amrita est ici synonyme de Bodhi. Il est également synonyme de Nirvana ; car on le trouve souvent à la place de ce mot qui indique la délivrance absolue, l’affranchissement de la nécessité de naitre, et, par suite, de mourir. L. Feer.

Bibl. : Fauche, Trad. du Mahabharata. — Csoma, Analyse du Kandjour.

AMRITSAR, qu’on trouve aussi écrit Amretsir et, ce qui est plus fautif. Umritsur (orthographe anglaise) « étang d’Amrita », ville du Pendjab, est située à peu près à 30 kil. de Lahore dans la direction N.-E. C’est la ville sainte et, comme dit Y. Jacquemont, « la Rome » des Sikhs. Ce ne fut à l’origine, sous Ramdàs. le quatrième chef spirituel des Sikhs (vers 1570), qu’un réservoir d’eau fraîche formant un carré d’environ 122 m. de côté et au milieu duquel s’élevait un temple. Dans la carte de Rennell, qui pourtant ne date que de la fin du dernier siècle. Amritsar est encore indiqué comme un petit lac avec la mention « Chuckgroo ou Amrutsur ». Ce réservoir ayant été adopté comme lieu d’ablutions et de cérémonies religieuses ne tarda pas à devenir un but de pèlerinage, et le cinquième chef spirituel des Sikhs, Ardjoun, en fit le centre religieux de la secte. C’est surtout aux deux grandes fêtes de Beisakhi et de Dewali, qui tombent en avr. et oct., que l’on s’y rassemblait pour les principaux actes du culte Sikh et pour se baigner dans le réservoir sacré. Quand les Sikhs devinrent un parti politique puissant. Il profitaient de l’occasion pour se concerter et traiter les intérêts publics. Peu à peu il s’y créa une ville qui eut beaucoup à souffrir dans les guerres des Sikhs. En 1802 Randjit Singh prit le fort de Lohgarh ainsi qu’un canon colossal qui s’y trouvait, et mit fin à la domination de la dynastie qui y régnait. Il conserva à la ville et même augmenta son caractère de capitale religieuse ; il en fit la seconde capitale de son empire. Le 25 avr. 1809, il y signa un traité de paix et d’amitié avec la compagnie des