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du Zeus d’Olympie ; il était barba, la torse du, el tenait d’une main le thyrse, de l’autre un cantbare. « Qu’on substitue, dit Benlé, un gceptre au thyrse, un aigle au vase, quelques boucles a la torsade de la chevelure, el l’on aura le Jupiter Olympien de Phidias. » Nous ne connaissons que par des textes la statue d’Héphaistos que le maître athénien avait faite pour l’Héphaisttaion de Colonos Agoraios ; le dieu était debout, et une draperie habilement disposée dissimulait sa jambe boiteuse. Alcamènes était aussi l’auteur de la statue d’Ans, consacrée dans le temple de cette divinité. Sun Hécate Epipyrgidia, placée sur le bastion du mur sud de l’Acropole qui supporte encore aujourd’hui le temple de Niké Aptéros, était une œuvre remarquable

aussi bien pour l’exécution que pour la nouveauté du type. Alcamènes avait rompu avec la tradition archaïque, encore respectée par Myron, et qui donnait a Hécate l’aspect d’une figure à trois teles, formée par la réunion de trois corps. 11 avait traduit cette idée de la déesse au triple visage en représentant trois femmes adossées à une même colonne ; c’est ainsi qu’on voit Hécate figurée sur un grand nombre de monuments étudiés par M. Petersen, entre autres sur un Hékataion de la collection archéologique de Prague.

L’œuvre capitale d’Alcamènes, à Athènes, était la célèbre statue en marbre d’Aphrodite, qu’on voyait dans le lieu appelé « les Jardins », prés d’un temple d’Aphrodite Ourania. Pausanias déclare que c’est une des statues les plus d^nes d’attention qu’on pût voir à Athènes ; et Lucien, fin connaisseur en matière d’art, l’appelle « la plus belle des sculptures d’Alcamènes » ; il loue le contour des joues, la délicatesse de l’attache des poignets, l’élégance des mains aux doigts ronds et effilés. Nous ne possédons malheureusement aucune copie certaine de cette Aphrodite si vantée. On a proposé d’en reconnaître une réplique dans une belle statue du Louvre, désignée sous le nom de Venus genetrix, et où la déesse est représentée debout, vêtue d’une tunique longue et d’un manteau ; d’une main, elle fait le geste de rajuster son manteau ; de l’autre elle tient une pomme (V. fig. 4). Cette statue est certainement une copie d’une œuvre célèbre ; différents musées d’Europe en possèdent des répliques. Des terres cuites d’Asie Mineure, notamment une figurine du Louvre provenant de Myrina, dérivent directement du même type, ainsi qu’une figurine de bronze trouvée en Asie Mineure, et récemment publiée par M. de Witte ; enfin ce type est encore reproduit sur un denier de l’impératrice Sabine portant la légende VENERI GENETRICI. Mais s’il est permis de songer à Y Aphrodite d’Alcamènes, en raison du style encore sévère que dénote la statue du Louvre, il est plus vraisemblable que l’auteur de l’original est un artiste du iv e siècle, peut-être Praxitèle. C’est sans doute à l’Aphrodite « des Jardins » que Pline fait allusion lorsqu’il parle d’un concours ouvert entre Agoracrite de l’aros, un autre élève de Phidias, et Alcamènes, pour une statue d’Aphrodite. Ce dernier aurait remporté le prix ; Agoracrite, vaincu, aurait de dépit transformé son Aphrodite en une Némésis, et l’aurait vendue aux habitants de Rhamnonte. — Hors de l’Attique, Alcamènes avait exécuté pour l’Asclépiéion de Mantinée une statue d’Asclénios. Nous avons déjà mentionné le groupe d’Athéna et d’Héraclès consacré par Thrasybule à Thèbes. Enfin, Pline signale une statue de bronze représentant un athlète vainqueur au pentathle, et connue sous le nom d’ « Enrrinomenos ». Elle était consacrée soit à Delphes, soit à Olympie. On a proposé d’identifier cette statue avec le Discobole debout du Vatican, qui offre, en effet, tous les caractères de l’ait altique de la fin du v " siècle. Mais, jusqu’ici, cette attribution n’est fondée sur aucun fait précis, et demeure uni’hypothèse. Il n’y a pas lieu d’ajouter a la liste des œuvres d’Alcamènes la statue d’Athéna dont parle Tzetzès dans l’historiette mentionnée plus haut. Enfin, Pausanias signale, sur l’Acropole d’Athènes, un groupe de Procné et d’Iivs dédié par un personnage nommé

toutefois, il est probable que l’auteur de cette offrande n’a rien île commun avec notre sculpteur.

A la biographie d’Alcamènes se rattache une grave question, très controversée depuis que les fouilles allemandes a

Olympie nous ont fait connaître i.i décoration sculpturale du temple de / Olympien. Alcamènes est-il réellement l’auteur du fronton ouest, représentant le combat des Lapithes et do Centaures aux noces de Pirithoos.’Pausanias ranime,

en même temps qu’il attribue le fronton oriental a Paonios de Mendé..Mais l’étude des marbres originaux a permis de constate] de singulières analogies entre le style des deux frontons et celui des métopes:et d’autre part, l’exécution inégale, souvent lâchée, du fronton ouest, n’est guère d’accord avec les caractères du style d’Alcamènes, tels que les décrit Lucien. M. Drunn a supposé qu’Aleamèaes avait pu exécuter le fronton entre 444 et 440, c.-a-d. avant d’être l’élève de Phidias, en quittant Lemnos sa patrie, ou il aurait été formé à l’école des artistes de la Grèce du Nord. Mais les recherches récentes sur la dai> construction du temple de Zeus ont mis en lumière des faits qui contredisent cette hypothèse. Comme l’ont monde MM. Furtwsngler et Purgold, le temple de Zeus était achevé, avec les sculptures qui le décoraient, avant l’année’l’ïï. Il est peu vraisemblable qu’Alcamènes, qui était encore en pleine activité après 403, ait pu, vers l’in. exécuter une œuvre aussi considérable; on ne l’aurait fias confiée à un débutant. Les raisons qui font douter de l’exactitude du témoignage de Pausanias ont été réunies par M. R. Forster, et l’auteur du récent catalogue des moulages du musée de Berlin, M. P. Wolters, adopte pleinement la théorie suivant laquelle les marbres d’Olympie, exécutés avant l’arrivée de Phidias et de ses élevés en Elide, ne samaient être attribués ni a Alcamènes ni a Pteonios. Ils seraient l’œuvre d’une école péloponnésienne, et l’on y chercherait en vain toute trace d’une influence attique.

.Max. Collignon

Bibl. : Pour les textes, voir OvbrbECk, Anlilten Schriflquellen zur Geschichte der bild. Kunst, n" SOS-S 28. — Brunn, Geschichte der Griechischen Kûnstler. I, pp. 534-239. — Overbeck, Geschichte der Griech. Plastlk., T. pp. TM-2’i’. — Mt-RRAY, History ofgreeh sculpi pp. 139-162. — M" Ldcï Min heu.,. History of ancien/ sculpture, pp. 319-321. — Brunn • iberichte der bayer, Akaaemie der Wissensch, 1S77, pp. 1 et suiv.:1878, pp. 142 et. suiv. — R. FOrsteb, Rheinisches Muséum, N. F. T. xxwni, 1883; pp.’..M ci suiv. — Friederiohs-Wolters, Die Ci: ; rke, pp. 134

ALCAMO. Ville d’Italie (Sicile), dans la prov. de Trapani (arrond. d’Alcamo), dans un site pittoresque, au pied du mont Bonifato ; 22,700 hab. Alcamo doit son nom à un chef sarrasin (Alkamouk), qui la bâtit sur l’emplacement de l’antique Longaricum, au sommet du Bonifato, où l’on voit encore les restes d’un château. Lorsque, vers 1225, l’empereur Frédéric II contraignit les Sarrasins à quitter Alcamo, dont ils avaient fait un repaire inexpugnable, une ville nouvelle se fonda au pied de l’ancienne dont elle prit le nom. — On trouve encore dans Alcamo quelques restes intéressants de constructions du moyen âge et de la Renaissance (clocher de la cathédrale ; portail de l’église San Tomaso). Du sommet du Bonifato (816 m. au-dessus du niveau de la mer), on jouit d’une belle vue. Le chemin de fer de Palerme à Trapani passe à Alcamo. Cette ville est la patrie de Ciullo ou Vincenzo d’Alcamo, un des premiers poètes italiens connus, qui paraît avoir vécu à la fin du xiie siècle, et dont les quelques œuvres qui nous restent sont regardées comme un des plus anciens documents de la langue italienne. — Aux environs d’Alcamo jaillit une source thermale (74° centigrades), carbonatée-chlorurée-sulfureuse. À 10 kil. environ au S.-O., sont les ruines de l’antique Segesta.E. Franco.

ALCAMO (Ciullo d’), poète italien, contemporain de l’empereur Frédéric II. On le croit originaire du village d’Alcamo, près de Palerme, et son prénom de Ciulol semble être une forme abrégée de Vincenciullo, dimi-