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muscles : mais avec cet alcaloïde, l’action est double. Il y a diminution de la sensibilité et diminution de la motricité provoquée par la paralysie des nerfs moteurs, et aussi dis muselés, semble-t-il. Nous ne poursuivrons pas plus loin ce résumé des propriétés physiologiques des alcaloïdes, cela nous mènerait trop loin. Disons seulement quelques mots de l’usage thérapeutique qu’on en peut faire. Supposons que le médecin se trouve en présence d’une maladie telle, qu’il devient nécessaire de modérer l’action des nerfs sur les muscles ; il peut, à la rigueur, employer le eurare. Cesl ce que l’on a lait pour le tétanos, par exemple, mais parfaitement à tort, puisque le tétanos est une affection du système nerveux central et que le curare n’agit que sur les terminaisons nerveuses. On l’a employé encore comme antagoniste dans les cas d’empoisonnement par la strychnine, mais encore à toit, par la raison que la strychnine agit comme un tétanisant sur le système nerveux central. Traiter le tétanos ou l’empoisonnement strychnique par le curare, c’est raisonner à la façon des autruches, qui se mettent la tète sous l’aile et croient qu’il n’y a plus de danger parce qu’elles ne le voient plus. En réalité, si l’on veut calmer les muscles, on peut s’adresser dans certains cas à la lève de Calabar (pour le tétanos, par exemple, et la chorée), ou à d’autres alcaloïdes, l’indication dépend du but que l’on se propose : y a-t-il lieu d’agir sur les muscles seuls, ou v a-t-il lieu d’agir sur le système nerveux pour atteindre indirectement les muscles ? Ce dernier cas est de beaucoup le plus fréquent. On peut, ou bien modérer l’action nerveuse d’une façon générale, ou bien isoler les muscles, plus ou moins, des centres nerveux. Dans ce dernier cas, le curare, la cicutine, peuvent être employés ; dans le premier, on peut s’adresser aux nombreux modérateurs que fournissent l’opium, les antispasmodiques, etc.

Si, au lieu de modérer l’innervation, il est besoin de la réveiller — comme dans les cas de paralysie — la strychnine rend de bons services : elle excite le système nerveux central. Nous avons déjà rapidement indiqué les effets des alcaloïdes principaux de l’opium : nous n’y reviendrons pas, nous contentant de rappeler que les uns sont excitants, les autres modérateurs, d’autres encore, soporifiques.

Les exemples que nous venons de citer indiquent suffisamment quelle variété d’action thérapeutique on peut attendre des alcaloïdes. Nous reviendrons, en détail, à propos de chacun d’eux, sur l’action qui leur est particulière : pour le moment, il nous suffit d’indiquer certaines lignes générales. H. de V.

Bir.i.. : Voir, outre les traités de pharmacologie, de toxicoloirie et île thérapeutique, les travaux de CI. Bernard sur les ânes thésiq ues, et de Vulpian sur les sui>stances toxiques et médicamenteuses. Voir encore 1<’Traite de thérapeutique de A. Rabuteau, dans lequel un trouvera une bibliographie étendue et un excellent résuma des travaux anciens et modernes.

ALCAMÈNE, roi de Sparte, fils de Télécéus, monta sur le trône vers l’an 747 av. J.-C. Il termina la guerre d’Hélos et commença celle de Messène en prenant Amphée en 743. Il mourut peu de temps après et eut pour successeur son fils Polydorus. On attribue à ce prince les sentences morales qui se trouvent dans le Recueil des apophthegmes laconiques, dont Plutarque est regardé comme auteur.

ALCAMÉNES, sculpteur grec. Les auteurs anciens ne sont pas d’accord sur le lieu de naissance d’Alcamènes. Pline le fait naître à Athènes, tandis que Suidas et Tzetzès lui donnent pour patrie Plie de Lemnos. On a essayé de concilier ces témoignages, en supposant qu’Alcamènes avait pu être un clérouque athénien de Lemnos, ou bien que, né dans cette Ile, il avait passé à Athènes toute la période de son activité artistique. Mais les textes de Suidas et de Tzetzès n’ont qu’une valeur contestable, et ne peuvent être opposés au témoignage de Pline. — Il parait certain qu’Alramènes était un élève de Phidias ; une

Fis. 1.

tradition, conservée par Pline, voulait même que le grand scultpeur eût mis la dernière main au chefd’œuvre de son disciple, l’Aphrodite « des Jardins ». Quant à la prétendue rivalité de Phidias et d’Alcamènes, admise par quelques

historiens de l’art grec, elle

n’est fondée que sur un récit

très suspect, rapporté par Tzet zès. Au dire de l’écrivain by zantin, Alcaniènes avait con couru avec Phidias pour une

statue d’Athéna. Phidias avait

conçu son œuvre en tenant

compte des lois de la perspec tive, la statue devant être posée

sur une base très élevée. Alca niènes, au contraire, ignorant la

géométrie, n’avait pas calculé

l’effet d’après la hauteur. « Le

jour de l’exposition publique,

ajoute Tzetzès, Alcaniènes plut,

et Phidias faillit être lapidé.

Mais lorsque les deux statues

furent en place, l’éloge de Phidias était dans toutes les bouches ;

Alcaniènes au contraire et son

ouvrage, ne furent plus qu’un

objet de risée. » Brunn avait

déjà montré l’invraisemblance de

cette tradition, et plus récem ment M. R. Fiirster en a fait ressortir toute la vanité. Pausanias ne parle pas de ce concours ; il se borne à dire qu’Alcaniènes, « contemporain de Phidias, occupait le second rang après lui dans l’art de la statuaire » et le voyageur grec n’entend parler que des sculpteurs de l’école attique. On peut donc considérer Alcaniènes comme le plus brillant des disciples de Phidias.

Il est difficile de déterminer avec certitude les dates de sa période d’activité. C’est par erreur, sans doute, que Pline le place en même temps que Critios, Nésiotès et Hégias, qui appartiennent encore à l’ancienne école attique du commencement du v" siècle. Pausanias le fait vivre en même temps que Phidias ; mais son témoignage ne permet pas de conclure que les deux artistes eussent le même âge. Elève de Phidias, Alcaniènes était, suivant toute vraisemblance, plus jeune que lui. Il travaillait encore après 403, puisque après la chute des trente Tyrans, il exécuta les deux statues d’Athéna et d’Héraclès que Thrasybule et ses compagnons consacrèrent dans un temple de Tbèbes, en souvenir de la délivrance d’Athènes, et de l’appui que leur avaient prêté les Thébains. Cette date, très précise, permet de mettre en doute la tradition recueillie par Pausanias, lorsqu’il attribue à Alcamônes une statue d’Héra, qu’on voyait dans un temple situé sur la route d’Athènes à Phalère. Le temple avait été détruit par Mardonius, mais la statue aurait été épargnée par les Perses. Au reste, Pausanias ne donne lui-même cette attribution que sous toutes réserves. On ne peut guère admettre qu’Alramènes fût en âge de produire au temps de l’invasion persique, et d’autre part rien ne nous autorise à supposer que cette statue tut l’œuvre d’un autre sculpteur portant le même nom. — Alcaniènes a surtout travaillé pour l’Attique ; faute de données chronologiques certaines, il y a lieu d’énumérer d’abord celles de ses œuvres qu’on voyait à Athènes. Il avait exécuté une statue de Dionysos en or et en ivoire pour l’ancien sanctuaire du dieu situé près du théâtre, dans le quartier de Limnœ. Beulé a supposé, avec raison, qu’une monnaie d’Athènes reproduit fidèlement les lignes générales de la statue. Le dieu (fig. 1) était figuré assis sur un trône, dans l’attitude

.’. 2. — Dionysos

Lenaios.