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ANGO — ANGOLA
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des richesses considérables. L’un de ses navires avant été plié en pleine paix par les Portugais, il envoya une flottille montée par 800 hommes bloquer Lisbonne et ravager la côte (1530). Le roi de Portugal ayant envoyé une ambassade au roi de France dut donner satisfaction à Ango. Il était capitaine de la ville et du château de Dieppe. Après la mort de François Ier, des spéculations hasardeuses lui firent perdre la plus grande partie de sa fortune. Son château, situé auprès de Dieppe (com. de Varangeville), est bien connu sous le nom de manoir d’Ango. Il y reste quelques médaillons sculptés, dont l’un représente François Ier, et un bel escalier. Les bâtiments ont été transformés en ferme.

ANGOISSE, Com. du dép. de la Dordogne, arr. de Nontron, cant. de Lanouaille : 1, 205 hab.

ANGOISSE. L’angoisse ne saurait pas plus se définir exactement que la sensation de chatouillement, de velouté, d’horripilation, de démangeaison. Elle n’est pas plus agréable que la paralgie périphérique et, comme cette dernière, offre des degrés. C’est une appréhension, une terreur, une formidable épouvante, une affliction inquiète qui envahit le moi et absorbe intégralement le patient, à qui il semble qu’il ne peut plus respirer, qu’il a un poids sur l’épigastre. L’angoisse est tantôt normale, tantôt anormale. Dans le premier cas, elle se rattache à la crainte justifiée d’un danger physique, intellectuel ou moral. Dans le second, elle est la conséquence de conceptions anormales, ou se produit d’un jet, de toutes pièces, irrésistiblement. Souvent aussi elle est liée à une sensation désagréable, localisée en une des régions de l’économie ; telle l’angoisse précordiale, l’angoisse frontale ; ou s’accompagne d’un malaise général, vague, du corps entier. C’est une émotion qu’il est juste de rapporter à l’écorce du cerveau : ce centre se trouve alors modifié d’une façon telle qu’il se produit des phénomènes périphériques propres à l’angoisse. Malheureusement on n’en connaît pas la nature intime. Quelle que soit son essence, quels que soient également ses facteurs physiologiques ou pathologiques, elle atteint sur-le-champ les connaissances du malheureux qui accuse comme une espèce de tension psychique ; ses perceptions s’exécutent mal ou ne s’effectuent plus ; les excitants sensoriels n’agissent plus sur lui ; l’idéation subit un trouble qui se traduit, selon l’intensité de l’angoisse, par des hallucinations, du désordre et de la profusion dans les conceptions, de la stupeur, de l’obnubilation de la conscience ; enfin, la volonté est désorganisée à ce point qu’il n’est pas rare de constater des actes instinctifs, précipités, automatiques, violents et des suicides. En même temps le cœur bat irrégulièrement, le plus souvent la propulsion en est accélérée et inégale, ou bien elle est ralentie ; en cette région, l’anxieux, dont le pouls est irrégulier, se plaint de constriction, d’oppression ; ses téguments et ses muqueuses sont pâles ; une respiration difficile, entrecoupée ou précipitée, suspirieuse, superficielle, cadre avec la faiblesse d’une voix éteinte, dépourvue de timbre. Les muscles de la vie animale sont, selon les cas, légèrement ou totalement paralysés (incontinence des matières et des urines) ; il en est ainsi de la charpente musculaire, de la vie de relation ; aussi l’individu perd-il tout maintien et se meut-il comme à regret en présentant une grande incertitude dans les mouvements. Il existe d’ailleurs de grandes variétés à cet égard, car c’est sous l’influence de ce syndrome psychique que, dans les asiles d’aliénés, on voit le plus souvent l’aspect cataleptique (rigidité des membres conservant l’attitude qu’on leur imprime, facies de l’épouvante), l’aspect stupide (automate indifférent. personnage quasi-sidéré) ; l’affaissement paralytique sans paralysie. Il va sans dire que la nutrition et les sécrétions finissent, lorsque l’angoisse persiste longtemps, par s’altérer ; les sueurs deviennent profuses, l’urine augmente de quantité, perd sa couleur, diminue de densité, les cheveux grisonnent ou blanchissent, le malade ressemble, soit à un typhique, soit a un pthisique, et meurt, comme on disait jadis, étique, après s’être mangé


lui-même, sans qu’on soit en mesure de saisir la lésion primordiale, pathogénétique. Voila le tableau de l’angoisse considérée comme un type d’aliénation mentale suraiguë. Mais il s’en faut de beaucoup qu’il en soit toujours ainsi. Le plus habituellement l’angoisse de l’aliéné se présente à l’état de crise passagère, ou bien, si elle affecte une marche aiguë ou chronique, elle est ordinairement compatible avec la conservation de la santé physique : c’est notamment le cas des émotifs dont l’agoraphobie est un représentant devenu classique (V. Agoraphobie). Un rien chez eux provoque l’angoisse (V. Pantophobie) ; un rien aussi la chasse. C’est l’histoire des enfants et de quelques suicidés, de quelques dégénérés qui redoutent l’obscurité.

A côté de l’angoisse psychopathique, on ne saurait passer sous silence l’angoisse pathologique des maladies ordinaires, celle qui forme un symptôme non plus d’aliénation mentale, mais d’une lésion organique provocatrice, siégeant dans l’un des viscères ou dans l’un des grands appareils de la vie organique. Au point de vue du mécanisme, de la définition, de la description, qui viennent d’être exposés, il n’y a, selon nous, aucune différence ; mais la marche et le traitement varieront. Tandis qu’on appliquera à l’anxieux purement psychopathe le traitement de la maladie mentale, dont l’angoisse est l’élément morbide passager ou constant (V. Agoraphobie, Catalepsie, Lypéhanie, Mélancolie, Stupidité, etc.), on dirigera l’arsenal thérapeutique contre les désordres matériels ou les névroses qui engendrent, sous forme d’accès, l’angoisse viscérale ou névropathique. D’autre part, l’angoisse psychique disparait avec la maladie mentale quand celle-ci guérit ; l’angoisse organique ou névropathique persiste généralement parce que généralement l’altération ou le désordre fonctionnel ne cède point, et dans ce cas l’angoisse fait des apparitions de plus en plus fréquentes, de plus en plus intenses, à mesure que les lésions s’aggravent. Il en est ainsi des affections du cœur, dans les maladies organiques du poumon, des reins, dans les névroses vaso-motrices généralisées ou splanchniques. Signalons encore, comme engendrant ou pouvant engendrer également des accès d’angoisse, l’aura epileptica, l’invasion des ictus épileptiques et apoplectiques, des hémorragies profuses internes ou externes, les maladies générales et les intoxications par des poisons ou des microbes, les maladies du cerveau et de la moelle, les grandes névroses cérébro-spinales, certaines affections cutanées qui, par les malaises qu’elles déterminent sur la sensibilité périphérique et l’insomnie qu’elles provoquent, agissent par action réflexe sur la circulation encéphalique, enfin les maladies des organes sexuels et particulièrement la syphilis.

Dr P. Kéraval.

Bibl. : Emminghaus, Allgemeine Psycho-pathologie ; Leipzig, 1878, in-8. — Schuele, Handbuch der Geistes Krankheiten ; Leipzig, 1880, in-8. — Schuele, Klinische Psychiatrie : Leipzig, 1882, in-8. — De Krafft, Lehrbuch der Psychiatrie : Stuttgart, 1879, in-8. — Meynert, Psychiatrische Klinik der Erkranhungen des Vorderhirns ; Vienne, 1884. in-8. — Griesinger, Traité des maladies mentales, trad. française de Doumic ; Paris, 1865, in-8. — Luys, Marce, Dagonet, Morel, Traités des maladies mentales. — Weiss, Compendium der Geistes-Krankheiten ; Vienne, 1881, in-8. — Krœpelin, Compendium der Geistes Krankheiten, l884.

ANGOISSE (Poire d’) (V. Poire).

ANGOLA. Colonie portugaise sur la côte occidentale de l’Afrique, entre le Dandé au N. (8° 20’de lat. S.) et le Coanza au S. (9° 50’), sur une étendue d’environ 170 kil. du N. au S. et de 600 de l’O. à l’E. Mais le nom d’Angola a été donné aussi à toute la Capitainerie générale qui comprend, outre l’Angola proprement dit, toutes les colonies portugaises de la Guinée méridionale, c.-à-d. le Congo au N., le Benguela et le Mossamèdes au S. Nous ne décrirons ici que l’Angola proprement dit (V. Benguela, Congo et Mossamèdes). — Ce pays s’appelait Dongo et ce nom désigne encore une partie de l’Angola. Mais au xvie siècle, un des seigneurs ou Sovas entre lesquels était divisé le pays sous la suzeraineté du roi de Congo, battit tous ses voisins avec l’aide des Purtugais,