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Il réussit à les vaincre les uns après les autres et sauva le Pérou d’une ruine complète ; l’insurrection fut étouffée et la plupart des insurgés massacrés. En 1804, il fut nommé maréchal de camp et vice-roi du Pérou ; dans ce poste, il « ssaya, par une bonne administration, de réparer les fautes commises par ses prédécesseurs et qui avaient amené la révolte des Indiens. Il n’y réussit point et, à la nouvelle de l’entrée en Espagne des troupes françaises, en 4808, les Péruviens, d’origine espagnole cette fois, alliés à quelques bandes indiennes, se soulevèrent et déclarèrent qu’ils ne déposeraient les armes que pour proclamer l’indépendance absolue du Pérou. Abascal marcha lui-même contre eux et les défît en plusieurs combats célèbres, puis les dispersa.

Il refusa de reconnaître le roi que Napoléon avait intronisé en Espagne et se déclara pour l’ancienne monarchie ; les nouvelles qui lui venaient d’Europe étaient si graves qu’il résolut de faire concourir le Pérou encore troublé a la défense de la métropole. Il fit rapidement élever des ateliers et commanda qu’on y fabriquât toutes sortes de munitions de guerre ; tout marcha bientôt à ses souhaits et le brave général put envoyer aux Cortès de nombreux secours en argent et en munitions. La guerre finie, les Cortès lui décernèrent, par décret daté du 30 mai 1812, le titre de marquis de la Concordia espanola del Perù et la junte des Asturies le nomma son député général. Mais là s’arrêtèrent ses succès ; obligé de défendre Buenos-Ayres attaqué par les Anglais et de réprimer une insurrection qui, de nouveau, venait d’éclater à Cusco et à Lima, il laissa couper ses troupes par les insurgés et fut défait, ainsi que le général Pezuela qui commandait sous ses ordres. Abascal fut révoqué en 1816 par ordre de Ferdinand VII et remplacé par Pezuela. Dégoûté, il revint à Madrid où il mourut. Adhémard Lecler.

ABASCANTUS. Nom qui signifie « exempt de maléfice », et qui, considéré lui-même comme une garantie contre les maléfices, devient très fréquent sous l’empire. En fait de personnages de ce nom, on peut mentionner l’Abascantus, affranchi de Domitien, à qui Stace adresse une de ses Silves, et un médecin de Lyon, cité par Galien.

ABASECHS ou ABADZEKHS. Peuplade de la race circassienne qui, avant 1864, habitait le versant septentrional du Caucase entre la Laba et le Pchich, et qui, sous Mohammed-Amin, lutta avec acharnement contre les Russes. Le reste de cette population, qui était forte de 100,000 âmes, se trouve dispersé dans la vallée de la Kouban, et la majorité a émigré en Turquie (V. Abazes).M. V.

ABASQUES ou ABASGES. Peuplade de la Colchide, qui faisait la traite des esclaves, particulièrement des eunuques, et que Justinien convertit au christianisme. Les Abazes ou Abkhazes actuels paraissent être leurs descendants.

ABASSI. Nom d’une monnaie de Perse, valant à peu près 1 fr. 50. Frappée, à l’origine, en argent, elle tire son nom du schah Abbâs Ier le Grand qui la créa vers l’an 1600. Elle est fort rarement usitée de nos jours.

ABATAGE. I. Sylviculture. — L’abatage est une opération qui consiste à couper les arbres arrivés au terme de leurexploitabilité. 11 y a à distinguer l’abatage que l’on fait dans les taillis et celui pratiqué dans les futaies. Dans le premier cas, il se pratique à l’aide d’instruments bien tranchants, afin d’éviter de faire éclater la souche ou de décoller les écorecs, ce qui compromettrait l’avenir de la souche. Pour les brins de faible diamètre, l’on emploie les serpes de différents systèmes que l’on remplace quelquefois par la scie, dont l’usage est recommandable, à la condition défaire des sections obliques. Les perches, ayant un décimètre de tour et au dessus, sont coupées à la cognée ou à la hache. — L’on coupe en général le plus près possible de terre, sauf pour quelques essences exceptionnelles, telles que le hêtre par exemple ; dans tous les cas, la section doit être faite de telle sorte que l’eau pluviale ne puisse y demeurer, ce qui s’obtient en faisant une coupe en talus. Les ouvriers

qui pratiquent l’abatage doivent s’arranger de manière à faire tomber les arbres du côté où le terrain est libre pour ne pas embarrasser les arbres non encore abattus. — Le moment le plus convenable pour cette opération est celui qui précède la pousse de printemps, mais ù ce moment, la maind’œuvre étant rare, l’on est obligé habituellement de devancer cette époque et d’abattre pendant l’hiver. Dans tous les cas, l’opération doit cesser quand les arbres entrent en végétation et la limite extrême est le 15 avril. Dans les futaies, il n’y a pas lieu de se préoccuper de la souche, la régénération devant se faire au moyen de la graine. Les arbres de futaies s’exploitent soit à la hael.e ou cognée, soit h la scie dite passe-partout. Il est préfér : ble d’employer la scie, toutes les fois que cela est po&ib !, car alors les déchets sont infiniment moindres. Au contraire, dans l’exploitation à la hache, plus l’arbre a un fort volume, plus on est obligé d’entailler la tige haut, ce qui fait perdre une quantité notable du bois d’œuvre ; aussi, dans beaucoup de circonstances, pratique-t-on l’abatage dit à culée noire, qui consiste à dégager à la pefe et à la pioche les principales racines, à les couper à mesure, le plus près possible du tronc, et à obtenir de la soi le tout le pivot de la souche, attenant au bois d’œuvre. Cet’.e opération est à préconiser pour les arbres dont le bois a une grande valeur, notamment pour les noyers dont a culée fournit un beau boisdeplaquage. — Il faut l’abandonner, au contraire, quand on agit dans une futaie en voie de régénération, car les terrassements opérés pourraient compromettre une certaine quantité de jeunes brins de semence. Quand l’arbre est volumineux, ou qu’il se trouve en massif, pour éviter que les branches n’abiment les arbres voisins, l’on commence par ébrancher l’arbre, ce qui se pratique soit à la hache, soit à la scie comme dans les élagaçjes (V. ce mot). J. Dybowski.

IL Terme de boucherie. — Pour les animaux dont la fin dernière est l’abattoir, l’abatage est l’action de les tuer et de préparer la viande pour la livrer à la consommation.

— L’abatage a passé depuis un certain nombre d’années, par des modifications diverses ayant pour but de conserver à la viande toutes ses qualités en épargnant à l’animal des souffrances inutiles et en abrégeant le plus possible son agonie. — Le procédé employé autrefois pour l’abatage des bœufs et encore en usage dans les abattoirs des petites villes ou des particuliers était le suivant : Le bœuf attaché fortement à l’anneau d’abatage, la tête baissée et présentant le front au boucher, est frappé entre les deux cornes avec une masse de fer et renversé, puis égorgé d’un coup de couteau qui tranche la peau, les muscles et les artères ; quelquefois un seul coup de masse suffit pour abattre l’animal, mais souvent aussi des coups répétés sont nécessaires et même chez certains animaux dits à tête molle, il est difficile de produire une commotion suffisante pour amener leur chute. Dans certaines contrées on avait substitué au procédé que nous venons d’indiquer celui de l’énervation ; on introduisait un stylet entre la première vertèbre et l’occiput, détruisant ainsi la moelle épinière et l’animal tombait comme foudroyé. Mais des expériences nombreuses ont démontré que ce procédé était loin d’avoir atteint le but proposé : les membres antérieurs demeuraient inertes, mais les postérieurs s’agitaient violemment, la vie persistait dans une partie du corps, l’animal conservait la faculté d’apprécier la douleur et il s’efforçait de retenir son sang. — L’égorgement sans le coup de massue, tel que, d’après la loi de Moïse, il se pratique pour les animaux destinés à l’usage des Israélites, laisse persister la vitalité pendant 6 à 8 minutes, mais il est encore préférable à l’énervation. — Le masque à bouton de Bruneau a été le premier pas vers une amélioration réelle : il se compose d’un bandeau en cuir qu’on attache sur le front de l’animal à abattre ; au centre du bandeau est un bouton en acier terminé à l’intérieur par une pointe acérée qui, au coup de niasse donné sur sa face plate extérieure, pénètre dans le crâne de l’animal et le foudroie. —