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ABAQUE — ABSACAL
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angles prennent le nom de cornes. On lui donne souvent le nom de tailloir, à cause des ornements taillés sur ses faces.

L’abaque se retrouve dans l’architecture de tous les temps et de tous les pays. Les chapiteaux égyptiens et asiatiques en étaient souvent pourvus ; il est inséparable de tous les chapiteaux grecs et romains ; il figure dans les édifices du moyen âge et les édifices byzantins, où il a même une très grande importance au point de vue de la construction et de la décoration ; enfin, on le voit également surmonter les chapiteaux arabes et persans.

III. Meuble. — On nomma aussi abaque des tables à jouer qui se rapprochent des échiquiers et des damiers et par extension on donna ce nom aux buffets. D’abord ce furent les tables placées dans les sanctuaires en Grèce et destinées à recevoir les offrandes ; puis chez les Latins ce nom exprima les dressoirs et les buffets artistiques qui servaient à étaler la vaisselle de prix.

Bibl. : Guillaume, art. Abacus, VII, dans Daremberg et Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines.

ABARBANEL (V. Abravanel).

ABARCA (Pierre), jésuite espagnol, né à Jaca en 1619, mort à Valencia le 1er  octobre 1693. 11 enseigna la théologie à Salamanque pendant vingt-cinq ans et fut nommé maître de la corporation de l’université. Il a publié en latin divers traités de théologie et en espagnol une histoire d’Aragon sous ce titre : Los Beyes de Aragon en annales historicos distribuidos ; Madrid et Salamanque, 1682 et 1684, 2 vol. in-fol. Cet ouvrage, très estimé, est aujourd’hui fort rare.

ABARCA DE BOLEA Y PORTUGAL (don Jérôme de), grand seigneur aragonais, qui vivait au commencement du xvie siècle. Il entreprit d’écrire une Histoire du royaume d’Aragon ; mais, étant d’une santé très faible, il ne put jamais la terminer et elle ne fut pas publiée. Néanmoins Zurita, le plus savant historien de l’Aragon, y a beaucoup puisé et il rend hommage à la façon sérieuse dont cette histoire est écrite.

ABARCA (don Joaquin), évêque de Léon, né dans l’Aragon en 1780, mort à Lanzo en 1844. 11 fut l’un des évêques qui refusèrent de reconnaître en 1820 la constitution libérale de 1812 que le gouvernement voulait rétablir et qui entrèrent dans le parti dit Apostolique ; plus tard il devint l’un des chefs les plus actifs du parti carliste en Espagne. Le gouvernement français ayant appris en 1836 sa présence à Bordeaux, ou il était venu pour se procurer des armes, le fit arrêter et conduire, sur sa demande, à la frontière allemande. De là il gagna Francfort et y demeura quelques mois ; mais ses opinions politiques le poussant à rentrer dans la lutte, il se rendit à Londres, se fit avancer des sommes importantes par le parti tory et gagna les provinces basques où guerroyait le prétendant. Mais d’une humeur peu accommodante, il s’attira plusieurs affaires désagréables et tomba en disgrâce. Obligé de quitter don Carlos et ne pouvant rester en Espagne, ni demeurer en France, il choisit l’Italie et se retira au couvent des carmes de Lanzo, près de Turin, où il mourut.

ABAREMO-TEMO (Bot.). Nom sous lequel Pison (Brasil. 77) a décrit un arbre de la famille des Légumineuses Mimosées, qui est l’Acacia virginalis Pohl., le Mimosa cochliocarpa Gom., l’Inga Avaremotevo Endl., enfin le Pithecolobium Avaremotevo Mart. D’après Guibourt, cet arbre fournit une partie de l’écorce de Barbatimao du commerce (V. Barbatimao et Pithecolobium).

ABARES. Nom de deux peuples distincts, habitant, l’un en Colchide et probablement identique aux Abasques (V. ce mot), l’autre au nord du Caucase (V. Avares).

ABARIM. Chaîne de montagnes de la Palestine au nord-est de la mer Morte, dans la Pérée ou partie de la Palestine située au-delà du Jourdain. Elle fait partie de l’Anti-Liban qui se divise vers le sud, à partir du Djebel-Heykb, en deux grandes branches qui embrassent le bassin de la mer Morte. Dans la branche occidentale, on trouve le Carmel, le Thabor, et dans la branche orientale, les monts d’Abarim, auxquels les Arabes ont donné aujourd’hui le nom d’Attarouz. Le mont Nebo, sur lequel, suivant la tradition, mourut Moïse, fait partie des montagnes d’Abarim, ainsi que les monts Peor et Pisga.

ABARIS. Personnage plus qu’à demi légendaire., dont la biographie s’est tellement surchargée de merveilleux, depuis le temps de Pindare jusqu’à celui de lamblique, qu’il est impossible desavoir si elle contient réellement un fonds historique. C’est un représentant de la sagesse des Barbares, dont les contemporains d’Hérodote commençaient déjà à s’éprendre, et des purifications mystiques, chères aux orphiques et aux néo-pythagoriciens. On le disait Scythe, fils de Scythes, ou Hyperboréen, prêtre et prophète d’Apollon, qui lui avait accordé le don des miracles, et notamment la faculté de se transporter à travers les airs sur une flèche magique. Il vint en Gièce, sur l’ordre du diej, vers 770 ou 700 suivant les uns, vers 550 suivant les autres, purifiant les consciences, guérissant les malades, prophétisant au nom d’Apollon. On faisait circuler sous son nom quantité d’ouvrages apocryphes, entre autres des Catharmcs ou formules expiatoires, des Oracles scythiques, une Théogonie en prose, etc.

ABAS. Nom de plusieurs héros grecs ou catalogués par les niythographes grecs. Le plus connu est Abas d i’Argos, fils de Lyncée et d’Hypermnestre, l’éponynie des Abantes, celui dont le bouclier merveilleux avait la propriété de terrifier et de paralyser l’ennemi. Ce bouclier, qui avait appartenu à Danaus, grand-père d’Abas, était suspendu dans le temple de Hêra à Argos, et les vainqueurs aux jeux Uérœens recevaient comme prix un bouclier semblable. Virgile (Enéide, III, 286) a su tirer de la légende en question une flatterie délicate à l’adresse d’Auguste. Il suppose qu’Enée a suspendu à l’entrée du temple d’Apol on à Àctium le bouclier d’Abas, faisant entendre par là qu’Auguste, descendant d’Enée et rempli de dévotion pi ur Apollon, a vaincu pour la bonne cause, avec l’assistai ce des dieux et de son pieux ancêtre. — Les autres héros du nom d’Abas ne sont que des comparses, de nationalité diverse, associés à Persée, à Diomède, à Enée, etc.

ABAS. Poids dont on se sert en Perse pour peser les perles ; Y abas de Perse est d’un huitième moins fort que le carat d’Europe et pèse gr. 1458. Les Espagnols l’emploient encore aujourd’hui et le divisent à la manière persane en quatre grains ; le grain se divise lui-même en demi-quitale, quart de quitale, huitième et seizième de quitale. — Abas est aussi le nom d’une monnaie persane (V. Abassi).

ABASCAL (don José Fernando), général espagnol et vice-roi du Pérou, né à Oviédo en 1743, mort à Madrid le 30 juin 1821. 11 n’avait pas encore vingt ans lorsqu’il choisit la carrière des armes ; n’ayant aucune protection, il dut conquérir tous ses grades et les mériter par ses études. Lorsque en 1775 le gouvernement espagnol envoya des troupes en Afrique, Abascal n’était encore que colonel, mais déjà on devinait en lui d’autres aptitudes. C’est en cette qualité qu’il assista à la bataille d’Alger et qu’il servit contre la République française. En 1796, Charles VI l’éleva au grade de brigadier et l’envoya exercer les fonctions de lieutenant du roi à l’île de Cuba. 11 concourut à la fortification des principales places de guerre de la Havane et la défendit valeureusement contre les Anglais ; sa conduite fut signalée à la cour d’Espagne et celle-ci lui confia le commandement général et l’intendance de la Nouvelle-Galice, puis la présidence de la cour royale de Guadalaxara. Pris dans une traversée par une escadre anglaise, il allait être dirigé sur l’Angleterre lorsqu’il réussit à s’enfuir de Kio-Janeiro où il était prisonnier et à gagner par terre la ville de Lima. A peine arrivé, il dut concourir à la défense du Pérou qu’une armée de 30, 000 Indiens, divisée en plusieurs corps, menaçait de toutes parts.