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chefs des troupes françaises, il passe de nouveau au service de l’empereur. Mais les pillages auxquels il s’était livré, ses usurpations sur les domaines des évoques de Bamberg et de Wurtzbourg, auxquels il refusait de renoncer, lui attirèrent la haine des princes allemands, ses anciens alliés. Une ligue, dirigée par Maurice, électeur de Saxe, se forma contre lui. Albert fut battu en 1553 et chassé d’Allemagne. Ses États furent confisqués et, après cinq ans d’exil, il mourut, dit-on, des suites de ses débauches.

ALBERT (Le prince), Albert-Francis-Augustus-Charles-Emmanuel de Saxe-Cobourg-Gotha, consort de la reine Victoria, né le 26 août 1819, mort le 14 déc. 1861. Il était fils du duc Ernest Ier de Saxe-Cobourg. Il fit ses études à l’université de Bonn ; et, après avoir été naturalisé Anglais par un acte du Parlement, il épousa la reine Victoria le 10 févr. 1840. Le prince Albert étudia très sérieusement les institutions de l’Angleterre, observa toujours très attentivement la marche des événements, et prit grand intérêt aux affaires qu’il ne pouvait diriger. Les sciences et les arts l’attirèrent plus particulièrement : il voyait d’une façon très nette les réformes à accomplir et à diverses reprises les indiqua dans des discours qu’il prononça en public. Aussi, mis à la tête de la commission des beaux-arts, il contribua largement aux progrès réalisés assez récemment en Angleterre par la peinture et la sculpture. En 1842, il fut élu chancelier de l’université de Cambridge. Il présida la commission de l’exposition de 1851 et s’occupa très activement de l’organisation de cette grande entreprise. En 1858 il accompagna la reine Victoria dans son voyage en France. Il mourut au moment où il organisait l’exposition de 1862. Le prince Albert fut regretté de tous les partis : l’aristocratie estimait son caractère bienveillant et simple ; le peuple lui était reconnaissant de ses idées libérales. — Il avait reconnu hautement le « droit de tous à l’instruction ». — On a publié ses discours sous ce titre : Specches and addresses delivered on different public occasions by the Prince consort ; Londres, 1863, in-8.

Bibl. : Reine Victoria, Lesmes from the journal of our life in Highlands from 1848 to 1861 ; Londres, in-8 — C. Grev, The early years of the Prince consort ; Londres, 1867. in-8. — A. Craven, le Prince Albert de Saxe-Cobourg ; Paris, 1883, 2 vol. in-8.

ALBERT Avogado (Bhx), patriarche de Jérusalem et législateur de l’ordre des carmes. On a écrit à tort qu’il était Français et petit-neveu de Pierre l’Ermite, d’Amiens. Né en Italie en 1149, à Gualtieri, diocèse de Parme, il devint évêque de Verceil en 1184, occupa le siège épiscopal sous Clément III et Innocent III, puis fut fait patriarche de Jérusalem en 1204. Il avait sa résidence à Acre. Ce fut en 1209 qu’il dressa une règle tirée de saint Basile, pour les ermites du Mont-Carmel, et qu’il les établit en congrégation. Il fut assassiné le 14 sept. 1214, dans une procession, le jour de la fête de l’exaltation de la Sainte-Croix. Il est honoré le 8 avr., mais non partout, et l’on peut dire que son culte n’est reçu sans contestation que parmi les carmes. Jules Arboux.

ALBERT, moine de Saint-Symphorien de Metz, chroniqueur du xie siècle (V. Alpert de Metz).

ALBERT d’Aix, chanoine et custos de l’église d’Aix-la-Chapelle, généralement connu sous le nom d’Albert d’Aix (Albertus Aquensis), l’un des principaux historiens de la première croisade, vivait à la fin du xie siècle et dans la première moitié du xiie. On sait fort peu de choses sur ce personnage. Les seuls détails biographiques que l’on ait sur lui nous sont fournis par les titres de deux manuscrits de son Historia Hierosolymitanæ expeditionis, ou il est désigné par les mots Albertus ou Adalbertus, canonicus et custos Aquensis ecclesiæ. Dans un autre manuscrit, aujourd’hui perdu, et qu’a dû connaître David Hœschel, le premier éditeur de l’Alexiade d’Anne Comnène (1590), il est appelé Albericus. On peut établir en outre qu’il a composé son histoire de la première croisade entre les années 1121 et 1158 ; cette histoire s’arrête en effet à l’année 1121 et l’un des manuscrits que l’on en possède (Vatican, fonds de la reine Christine, no 509) a été écrit en 1158. On doit de plus admettre qu’il n’était plus un enfant lors de la première croisade, car, au début de son récit, il dit que plusieurs fois il avait été enflammé du désir de prendre part à cette expédition, Quant au lieu d’origine d’Albert, on l’ignore absolument. La ville d’Aix, où il fut chanoine, ne doit pas être nécessairement considérée comme son pays natal. On a beaucoup discuté pour savoir de quelle ville d’Aix il s’agissait. Certains auteurs (Fabricius, Biblioth. lat. med. et inf. latin., les bénédictins auteurs de l’Histoire littéraire, t. X, p. 277) ont soutenu, mais sans appuyer leur affirmation de preuves suffisantes, que c’était Aix en Provence. La plupart des érudits modernes penchent pour Aix-la-Chapelle et cette opinion doit être définitivement adoptée. En effet, la plupart des manuscrits de l’histoire d’Albert ont été copiés dans des localités de la région rhénane. En outre, rien dans cette œuvre ne peut faire croire qu’Albert eût des attaches dans le Midi. Les faits qui ont en pour théâtre la contrée voisine du Rhin, les aventures des croisés allemands tiennent au contraire une place toute spéciale dans son livre. Godefroi de Bouillon est presque toujours l’acteur principal du récit. Enfin parlant de la ville d’Amiens, Albert dit : quæ est in occidente, désignation géographique qui s’explique de la part d’un habitant d’Aix-la-Chapelle et que n’eût pas employée un personnage résidant dans le Midi. Les manuscrits de l’Historia Hierosolymitanæ expeditionis sont nombreux : on en connaît onze aujourd’hui. La première édition fut publiée, sans nom d’auteur, en 1584, par Reinerus Reineccius sous le titre : Chronicon Hierosolymitanum, id est de bello sacro historia, exposita libris XII (Helmaestadii, typis Jacobi Lucii, in-4), d’après le manuscrit du Vatican, no 1999. — Le nom de l’auteur fut découvert quelques années plus tard par David Hœschel, qui sans doute l’avait trouvé dans un manuscrit copié en 1390 par un chanoine de Saint-Gengoux de Florenne (dioc. de Liège), manuscrit appartenant aujourd’hui au Musée britannique (Additionnal, no 25440). L’édition de Reineccius a été reproduite textuellement par Bongars (Gesta Dei per Francos, I, pp. 184-381) en 1611, sous le titre : Incipit historia Hierosolymitanæ expeditionis, edita ab Alberto canonico et custode Aquensis ecclesiæ super passagio Godefridi de Bullione et aliorum principum. Une troisième édit., dans le t. CLXVI de la Patrologie latine de Migne, n’est que la réimpression de Bongars. Enfin une quatrième édit., la dernière et la seule que l’on doive consulter, a été donnée dans le t. IV des Historiens occidentaux des croisades, pp. 269-713, par les soins de l’Acad. des insc. d’après les meilleurs manuscrits.

L’Historia Hierosolymitanæ expeditionis est une œuvre considérable par son étendue, elle n’occupe pas moins de 443 pages dans l’édit. in-fol. de l’Acad. Elle est divisée en 12 livres. Le premier traite des expéditions en Orient qui eurent lieu entre le concile de Clermont de 1095 et le départ de Godefroi de Bouillon en 1096 (Croisades des paysans). Albert donne, sur ces expéditions des détails très circonstanciés et pour la plupart tout à fait dignes de foi, qu’il tenait probablement d’un des croisés qui les avait recueillis sur sa route à travers l’Allemagne, la Hongrie, la Bulgarie et la partie septentrionale de l’Asie Mineure. — Les livres II à VI sont consacrés à l’histoire de la croisade de Godefroi de Bouillon jusqu’à la prise de Jérusalem ; les six derniers livres racontent rétablissement des croisés en Orient, les luttes qu’ils eurent à soutenir contre les anciens possesseurs du pays, jusqu’à l’année 1121, troisième du règne de Baudoin II, roi de Jérusalem. — L’œuvre s’arrête très brusquement et ne semble pas avoir été terminée. Il ne faudrait pas en conclure que l’auteur a écrit au fur et à mesure des événements et que la mort l’a surpris au milieu de son travail, car l’Historia Hierosolymi-