Page:Grande Encyclopédie I.djvu/1166

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lot avait été avant lui le dernier représentant. Comme virtuose, il sut joindre la pureté du jeu classique aux hardiesses d’exécution innovées par Paganini. La beauté et la justesse du son, la largeur de l’archet, le sentiment profond et juste de la phrase mélodique, telles sont les grandes qualités d’Alard. Ce virtuose a écrit quelques compositions agréables et quelques arrangements d’opéras bien faits pour son instrument. On lui doit aussi une méthode intitulée Ecole du violon. Alard a donné son dernier concert public en 1872 et a pris sa retraite de professeur au Conservatoire en 1875.

ALARDOSSIS, dieu du panthéon gaulois, qui n’est connu jusqu’ici que par une inscription sur un autel votif, trouvé en 1832 et conservé aujourd’hui au musée de Toulouse.

Bibl. : Mém. de l’Acad. des sciences de Toulouse, 1852, p. 294.

ALARIA (Greville, Algæ Britannicæ ; Edimbourg, 1830, p. 25). Genre d’Algues Phæophycées, du groupe des Laminariées, caractérisé par une fronde stipitée, membraneuse, pourvue d’une nervure médiane cartilagineuse ; pédicule pourvu, à la base, d’expansions en forme de folioles, et dépourvues de nervures. Ces folioles portent les sores, qui contiennent des tétraspores oblongues ou piriformes, au milieu de paraphyses claviformes, inarticulées et stipitées. On en connaît cinq espèces, répandues dans toutes les mers septentrionales. L’Alaria esculenta Grev., très abondante en Angleterre sur toutes les côtes de l’Atlantique, est mangée en Ecosse, en Irlande et aux îles Féroë ; on ne consomme que la nervure médiane, séparée du reste de la fronde ; son goût est très légèrement sucré, presque insipide. Les Ecossais la nomment Badderlocks, ou Hen-ware, et les Irlandais Murlins.

ALARIC Ier, roi des Visigoths, mort à Cosenza en 410. Le nom d’Alaric apparaît dans l’histoire à la fin du règne de Théodose ; il commandait alors un corps de troupes gothiques auxiliaires, au service de l’Empire. A la mort de Théodose, la discorde survenue entre ses successeurs, Honorius et Arcadius, et entre leurs ministres Rufin et Stilicon, lui fournit l’occasion d’attaquer l’Empire ; à la tête des Goths il dévasta la Thrace, la Pannonie et menaça Constantinople. Proclamé roi par son armée, il franchit les Alpes et envahit l’Italie, vers l’an 400. Vaincu à la bataille de Pollentia, le jour de Pâques de l’an 402, il dut se retirer sur la rive gauche du Pô, puis regagner l’Illyrie. Nouvelle invasion en 408 ; Honorius se réfugia à Ravenne, tandis qu’Alaric marchait sur Rome. Une première fois, la ville se racheta à prix d’or, et des négociations s’engagèrent avec Honorius ; mais Alaric, ne pouvant obtenir les conditions qu’il exigeait, se dirigea une seconde fois sur Rome, où il fit proclamer empereur, Attale, préfet de la ville, puis, rebroussant chemin, il retourna sur Ravenne, dont il essaya vainement de s’emparer. Il revint alors pour la troisième fois sur Rome, y pénétra, la livra au pillage et l’abandonna après six jours d’occupation. Il ravagea ensuite la Campanie, la Pouille et la Calabre, et songeait à porter la guerre en Sicile, et peut-être en Afrique, lorsqu’il mourut. Jornandès raconte que ses soldats détournèrent le cours du Busento pour enterrer son cadavre dans le lit du fleuve, et épargner ainsi toute violation à sa sépulture.

Bibl. : Les principales sources à consulter sur l’histoire d’Alaric sont : Claudianus, De bello Getico ; Jornandes, De origine actibusgue Getarum, et les historiens grecs, Zosime, Sozomene, Socrate, etc. — Lenain de Tillemont, Histoire des empereurs durant les six premiers siècles de l’Église ; 1690-1718, 6 vol. in-4. — Lebeau, Histoire du Bas-Empire ; 1756-1759, 22 vol. in-12. — Carl Simonis, Versuch einer Geschichte des Alaric, Königs der Westgothen, i, Th. Göttingue, 1858, in-8. — Am. Thierry, dans Revue des Deux-Mondes, 1863. — N. Riegel, Alarich der Batlhe, König der Westgothen, ein Beitrag zur Geschichte der Völkerwanderung… nach den Quellen bearbeitet ; Offenbourg, 1870, in-8. — H. von Eicken, Der Kampf der Westgothen und Römer unter Alarich : Leipzig, 1876. in-8.

ALARIC II, huitième roi des Visigoths, mort à la bataille de Vouillé, en 507. Fils d’Euric et de Ragnahilde, Alaric succéda fort jeune à son père, en 484. A ce moment, le royaume des Visigoths était parvenu à l’apogée de sa puissance. Sans parler de la péninsule Ibérique, qu’il comprenait presque entière, il s’étendait en Gaule, de la Loire aux Pyrénées, et de l’océan Atlantique jusqu’aux Alpes, où il était limitrophe du royaume des Ostrogoths d’Italie. Toulouse était la capitale de ce vaste royaume, où les divisions de race et de religion entre Visigoths ariens et Romains catholiques empêchaient toute cohésion. Peu de temps après l’avènement d’Alaric, les Francs, vainqueurs de Syagrius (486), étendirent leurs conquêtes jusqu’à la Loire, et devinrent les voisins des Visigoths. Sommé par Clovis de lui livrer Syagrius, qui s’était réfugié dans ses Etats, Alaric n’osa résister à un prince que ses victoires lui rendaient redoutable. Une deuxième fois, des différends soulevés encore par Clovis furent apaisés par l’intervention du roi des Ostrogoths, Théodoric ; les deux princes, Clovis et Alaric, se réconcilièrent même publiquement, dans une entrevue qui eut lieu près d’Amboise, dans une île de la Loire, et la paix fut maintenue jusqu’en 507. Mais alors, après avoir vaincu les Burgondes, Clovis tourna ses armes contre les Visigoths. Alaric attendit l’armée franque, près de Poitiers ; la bataille s’engagea à Vouillé (V. ce nom) ; l’armée visigothe fut taillée en pièces, et Alaric lui-même périt dans la mêlée de la main du roi franc. Cette bataille marque la fin de la domination visigothique en Gaule (V. Visigoths). C’est pendant les années de paix qui avaient précédé sa courte lutte contre les Francs, qu’Alaric avait fait rédiger, pour les Gallo-Romains ses sujets, le code connu, dans l’histoire de la jurisprudence, sous le nom de Bréviaire d’Alaric (V. ci-dessous).

Bibl. : Les sources à consulter pour l’histoire d’Alaric sont : La Chronique d’Isidore, les lettres de Théodoric, recueillies par Cassiodore, Grégoire de Tours, Frédégaire, Jornandès, l’Appendice à Victor de Tunnuma, etc. — D. Vaissete, Hist. génér. de Languedoc, éd. Privat, t. I, 1874, in-4, pp. 510-537, et t. II, 1876, pp. 131-135 et 525. — V. Junghans, Histoire critique des règnes de Childéric et de Chlodovech, traduite par G. Monod (37e fasc. de la Bibl. de l’École des hautes études). — A. Longnon, Géographie de la Gaule au vie siècle ; Paris, 1878, in-8, pp. 576-587.

ALARIC (Bréviaire d’). On appelle ainsi le recueil de lois promulgué, au commencement du vie siècle, par Alaric II, roi des Visigoths, pour régler la condition juridique des Gallo-Romains soumis à sa domination. Les lois en vigueur dans les divers Etats, qui se fondèrent en Gaule après les invasions du ve siècle, avaient un caractère personnel : au lieu de s’appliquer à tous les habitants du même territoire, elles étaient spéciales à chaque race ; un Germain et un Gallo-Romain, résidant dans la même ville étaient régis, l’un par la loi germanique, l’autre par la loi romaine. Les Gallo-Romains, qui formaient dans ces Etats la majeure partie de la population, restèrent donc soumis, en principe, à la législation sous laquelle ils vivaient avant l’invasion, c.-à-d. au droit théodosien. Mais tandis que les rois francs laissèrent subsister sans modification les textes législatifs promulgués par Théodose, les rois visigoths, que la civilisation romaine avait pénétrés plus profondément et qui se préoccupaient davantage des intérêts de leurs sujets gallo-romains, firent rédiger pour eux un nouveau code de lois qui modifiait en partie celui de Théodose. Il en fut de même chez les Burgondes (V. Papien). — Ce code fut composé à Aire en Gascogne, capitale du royaume visigoth, par une commission de juristes, dont le travail fut approuvé par l’assemblée des notables romains, ecclésiastiques et laïques ; il fut promulgué par Alaric II en 506 ; les exemplaires officiels furent revêtus de la signature du référendaire Anien. Dans les manuscrits qui nous sont parvenus, il porte des noms divers : Liber juris, Liber Aniani, Lex romana, Breviarium. Comme l’indique ce dernier titre, qui a prévalu dans l’usage, c’était essentiellement un abrégé, comprenant : 1° des extraits et des résumés du code Théodosien et des Novelles de Théo-