Page:Grand-Carteret - Richard Wagner en caricatures, Larousse.djvu/81

Cette page n’a pas encore été corrigée
75
LES PORTRAITS-CHARGE DE WAGNER.

À huit heures, sans doute par ordre de M"* Wagner (première), la servante vint crier :

— Monsieur est servi 1

— Ah ! canaille ! je suis servi ? Tiens !...

Et il lui jeta à la tête la première partition qui lui tomba sous la main.

— Quelle boîte ! exclama irrévéremment la bonne.

Sur ce, Wagner se remit à taquiner fiévreusement l’ivoire et à chanter d’une voix extravagante, interprétant à sa façon tous les rôles de son opéra, ne s’arrêtant que pour nous donner des explications... qu’il nous était devenu impossible d’entendre, tellement nous étions affamés.

Et la pendule marchait toujours ! Il allait être neuf heures, quand le compositeur se décida enfin à sonner pour faire servir. Le dîner fut mouvementé. Wagner lançait à sa femme des yeux furibonds, fascinait du regard la bonne qui cognait tout avec intention ; peu s’en fallut que quelque assiette ne suivît le chemin de la partition. Nous étions sur des charbons ardents.

Le dernier morceau à la bouche (on n’avait fait que tordre et avaler), Wagner alluma une pipe de tabac turc, engloutit trois tasses de thé... et se remit au piano. Il y resta jusqu’à trois heures du matin !

De 1872 à 1882 c’est le Maître arrivé, montrant plus d’orgueil, plus de suffisance et moins d’enjouement. Particulièrement trouvée la caricature qui le représente vêtu d’une robe de chambre à queue de paon. La roue de Wagner ! une roue pleine, au dire des vaudevillistes viennois ; une roue qui a quelque peu contribué à faire dérailler le char du Souverain en certain pays célèbre par ses châteaux enchantés.

Avant 1870 c’était Munich, après 1871 ce sera Vienne ; ici, l’influence d’un Roi artiste et penseur, là, les influences féminines au premier rang desquelles se re-