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RICHARD WAGNER EN CARICATURES.

marchèrent lorsque Daniel Spitzer donna à la Neue Freie Presse les fameuses satires wagnériennes pleines de sous-entendus, de virulentes attaques, et publia les lettres du Maître à sa couturière.

Tel il était déjà dans les amusants croquis de 1864^ tel or le retrouvera sur les grandes compositions coloriées du jour. Mais alors, c’était l’homme aux lunettes, bâton de chef d’orchestre à la main, toujours en ébullition, battant la mesure de toute sa personne, image en quelque sorte vivante du fameux « Dansons et chantons » de 1870, l’homme aux formes bizarres, aux mots cabalistiques, dont la grande ombre crochue tapotait matin et soir un infernal piano, l’homme qui paraissait être une illustration vivante pour les Contes fantastiques d’Hoffmann, qui « creva » à la peine le pauvre Edmond Roche (1), l’homme enfm^ que_, tout récemment encore, M. Charles de Lorbac esquissait sous ces couleurs vives et pittoresques :

Le jour même de la présentation, Wagner nous retint à dîner. En guise d’apéritif, il se mit au piano pour nous faire entendre des fragments de ses œuvres inédites. On devait se mettre à table à six heures. Aux approches de sept heures, la bonne entr’ouvrit doucement la porte du salon et risqua un timide : « Peut-on servir ? »

Wagner ne répondit pas, ne tourna même pas la tête.

Même manège, une demi-heure après. Roche et moi, en dépit de notre admiration, nous commencions à nous regarder avec inquiétude.

(I) Edmond Roclie, né à Calais en 1828, mort à Paris en 1861, était un simple employé dos douanes que ses instincts de poète et de musicien portèrent vers l’étude du drame wa{ ?nérien. C’est lui, on le sait, qui traduisit le Tannhâuser et cette traduction lui prit une année entière du travail le plus assidu, sans parler des exigences du terrible homme, comme il appelait Wagner.