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RICHARD WAGNER EN CARICATURES.

tout ce que la caricature s’évertuera à représenter graphiquement. L’homme-caoutchouc, l’homme-torpille, l’homme fait de sensations électriques, de violences et de rudesses, nerveux et impressionnable à l’excès et que nous posséderons dans son ensemble en ajoutant au portrait physique de M. Catulle Mendès le portrait moral esquissé par Mme Judith Gautier dans ses Souvenirs.


Cette merveilleuse organisation, d’une si exquise sensibilité a des violences terribles, on se demande même comment il peut y résister ; un jour de chagrin le vieillit de dix ans, mais la joie revenue, il est plus jeune que jamais le jour d’après. Il se dépense avec une prodigalité extraordinaire. Toujours sincère, se donnant tout entier à toutes choses, d’un esprit très mobile pourtant, ses opinions, ses idées, très absolues au premier moment, n’ont rien d’irrévocable ; personne mieux que lui ne sait reconnaître une erreur, mais il faut laisser passer le premier feu.


Et maintenant, il ne nous reste plus qu’à tracer le dernier portrait du maître, celui de Wagner parvenu au triomphe, au summum de la gloire et de la fortune.

Quel changement ! Quelle transformation !

Certes quand, à son propos, Ignotus parlait dans le Figaro[1], du profil d’oiseau chanteur qui se retrouve souvent chez les musiciens, quand il donnait au seigneur de Bayreuth le profil pointu de l’oiseau pic, à grosse tête, il évoquait une image assez juste, à la fois humoristique et philosophique, qui, antérieurement déjà, avait frappé Lavater, mais quand il le trouvait moyen, très moyen, vulgaire même, quand il écrivait ceci : « profil ornithologique comme les grands musiciens, oui —

  1. Numéro du 26 juillet 1882 ; long article intitulé : Wagner le Grand.