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RICHARD WAGNER EN CARICATURES.

bec d’oiseau, aminci, allongé, lèvres émaciées ; quoique le front soit vaste et le visage assez plein, l’ensemble a quelque chose de l’acier, de la lame d’un couteau. Du reste, l’homme s’est fait une tête, un composé de poète et de cabotin ; il a pris je ne sais quoi de hautain et de sarcastique à la fois. C’est un dramaturge, un directeur, un intendant de théâtres royaux, ce n’est pas l’artiste uniquement passionné pour l’art.

Et maintenant, recherchons comment l’ont vu tous ceux qui l’approchèrent, tous ceux qui, amis ou ennemis, eurent, de 1850 à 1872, occasion de se trouver en contact avec lui.

Tout d’abord les sympathiques, les enthousiastes, ceux qui se firent les champions du compositeur méconnu : Champfleury, Ch. de Lorbac, Louis Lacombe.


Wagner est pâle avec un beau front dont la partie près de la racine du nez offre des bosses très accusées. Il porte des lunettes et des cheveux abondants sans exagération. C’est une nature bilieuse, ardente au travail, pleine de conviction, aux lèvres minces, à la bouche légèrement rentrée, et le trait le plus caractéristique dans les détails vient de son menton, se rapprochant de la famille des mentons de galoche.

Il y a en lui de la timidité, de la naïveté, du contentement des murmures d’une salle qui paraît disposée à écouter religieusement. De cette personnalité allemande et modeste jaillit une sorte de charme particulier auquel nous ne sommes guère habitués.

Cet homme, je le sens, n’a rien de commun avec les composil ( ! urs excentriques qui s’habillent bizarrement, essayent d’intluencer la salle par un regard satanique, et secouent une longue crinière.


Champfleury, peintre réaliste, pinxit, anno 1861.

Adressons-nous, en second^ à M. Gharles de Lorbac,