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RICHARD WAGNER EN CARICATURES.

vient s’abîmer, se a régénérer » au milieu des accords interminables de la Tétralogie.

Ces engouements, ces essais d’émancipation, tous les peuples les subissent, mais la plupart sont trop mélangés, trop fortement imprégnés de mœurs internationales pour, par cela même, rejeter d’emblée ce qui est contraire à l’idéal entrevu, et je me demande si la puissance, si la force de Wagner n’est pas née, surtout, de la guerre qui lui fut faite au dehors, de l’échec qu’il subit à Paris.

On s’était acharné contre lui dans la capitale des Welsches ; c’est donc qu’il était bien du terroir, qu’il avait une conception, un idéal purement germaniques. Un écrivain bavarois, connu par son antipathie pour la musique wagnérienne, est venu me confirmer dans ce sentiment.

« Paris ne repousse pas sans raison une œuvre qui a son caractère »y m’écrivait-il dernièrement. « Les succès du ^Tann/iaw^^r en Allemagne, sont la suite de l’insuccès de 1861 à POpéra. C’est vous qui, par vos sifflets, avez fait Wagner, tout comme c’est l’Empire allemand de 1870 qui a fait Bayreuth. » On voit que je ne suis point seul à penser de la sorte.

Mais à tout prendre, je préfère encore le « déroulédisme musical » au «• wagnérisme politique ». Il est permis de concevoir un art sorti des entrailles du pays, ce doit même être l’idéal partout cherché. Tandis que vouloir s’opposer à la représentation d’un chef-d’œuvre sous prétexte de patriotisme, de dignité nationale, c’est folie, pure folie, c’est faire acte d’hystérie politique, suivant l’expression d’un magistrat wagnérophile.