Page:Grand-Carteret - Richard Wagner en caricatures, Larousse.djvu/37

Cette page n’a pas encore été corrigée
31
LE CARACTÈRE DE WAGNER.

Détourner les Allemands de l’imitation de la France, émanciper leur théâtre des pièces et des ballets parisiens, tel fut donc le désir et le but de Wagner. Y parvint-il ? On a lieu d’en douter quand on lit au travers de ses lignes. On acquiert la certitude de son insuccès quand on étudie la question sur les lieux mêmes, quand on pénètre plus avant dans le domaine musical et dramatique d’outre-Rhin.

Certes, on trouvera du Wagner dans tout xllemand parce que l’auteur du Lohengrin s’est, au plus haut degré, approprié les conceptions nationales, parce que les personnages qu’il a mis à la scène sont taillés en pleine forêt germanique. Vous pourrez donc rencontrer partout, de Munich à Berlin, des Isolde appelant le bien-aimé avec le geste de l’amante de Tristan, des jeunes gens à la figure inspirée et recueillie prenant des expressions à la Parsifal, des groupes de jeunes mariés, la main dans la main, le regard dans le regard, jouant paisiblement en public le rôle des personnages du drame wagnérien.

Simple ressemblance extérieure, pure enveloppe physique, parce que ce sont les types allemands qui se sont incarnés dans Tœuvre de Wagner et non Wagner qui a déteint sur ses compatriotes. Chose étrange, en effet, après des années de luttes, dans son pays aussi bien qu’à l’étranger, le compositeur inspiré, porté au pinacle, fêté comme rénovateur, considéré à l’égal d’un souverain, disparaît sans laisser d’imitateurs, sans avoir fait école ; ce qu’il lègue aux siens, c’est un théâtre exploité par sa femme et qui, les premières dépenses couvertes^, passe déjà à l’état d’affaire financière de