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RICHARD WAGNER EN CARICATURES.

presse actuelle, aura assez d’intelligence et de pénétration pour reconnaître que, dans l’écrit qui m’a été le plus reproché, composé au pire moment de la guerre, dans une disposition amèrement ironique, et qui devait être représenté comme parodie sur une de nos scènes populaires, j’ai eu surtout pour but de ridiculiser l’état du théâtre allemand ? (1) Car enfin, quelle est la conclusion de cette farce ? Les intendants et les directeurs des théâtres allemands se précipitent dans Paris assiégé dans le but, finalement, de pouvoir prendre à nouveau pour leurs théâtres toutes les nouveautés en fait de pièces ou de ballets.

Pouvais-je m’élever d’une façon plus catégorique et plus expressive contre tout antagonisme allemand et français, en matière d’art, que je ne l’ai fait tout récemment dans ce joyeux banquet auquel mes amis français m’ont invité à Bayreuth ? J’ai reconnu aux Français un art admirable pour donner à la vie et à la pensée des formes précises et élégantes ; j’ai dit, au contraire, que. les Allemands, quand ils cherchent cette perfection de la forme, me paraissent lourds et impuissants. Je voudrais que, quand les Français cherchent à se mettre en contact avec les nations étrangères pour renouveler les formes de leurs conceptions intellectuelles, et échapper ainsi à l’épuisement et à la stérilité, surtout alors que leurs rapports avec l’Allemagne deviennent plus fréquents, je voudrais, dis-je, que les Allemands eussent à leur montrer, non une caricature de la civilisation française, mais le type sans mélange d’une civilisation vraiment originale et vraiment allemande. Si l’on combat à ce point de vue Fintluence de l’esprit français sur les Allemands, on ne coml )at point i)our cela la civilisation française elle-même ; mais on met naturellement en lumière ce qui, dans cet esprit, se trouve être en contradiction avec les qualités propres de l’esprit allemand, et ce dont l’imitation serait par conséquent funeste au développement de nos qualités nationales.

Quel est le défaut qui est le plus vivement reproché à vos compatriotes par les Français les plus cultivés et les plus libres d’esprit ?

C’est l’ignorance de l’étranger et, par ce fait, le mépris de 

(I) Celle mauvaise parodie ne fui jouée que sur des scènes infimes.