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FIGURES DE L’ENTOURAGE DE WAGNER.

5 mars 1801 : « On est très ému dans notre monde musical du scandale que va produire la représentation de Tannhäuser ; je ne vois que des gens furieux, le ministre est sorti, l’autre jour, de la répétition dans un état de colère !… Wagner est évidemment fou. »

14 mars 1801 : « Ah ! Dieu du ciel, quelle représentation ! Quels éclats de rire ! Le Parisien s’est montré hier sous un jour tout nouveau ; il a ri du mauvais style musical, il a ri des polissonneries d’une orchestration bouffonne, il a ri des naïvetés d’un hautbois ; enfin il comprend donc qu’il y a un style en musique… Quant aux horreurs, on les a sifflées splendidement. »


Et dire que, par animosité personnelle, un révolutionnaire, un briseur des « anciens moules » ; en arrivait à écrire pareilles prud’hommeries. Berlioz, comme un vulgaire Brid’oison invoquant la « fo-orme » et traitant Wagner de fou, parce qu’il a m provoqué la colère de S. Exe. M. le Ministre », quels amusants sujets pour l’image ! Mais Wagner était un audacieux là où Berlioz restait un timide, n’ayant dans sa manche ni abbés, ni ambassadrices.

Et c’est pourquoi, à l’heure actuelle, l’auteur de la Symphonie fantastique attend encore sur les marches de l’Opéra l’ouverture des portes, alors que, protégé par la force armée, son concurrent de jadis prend possession définitive de l’Académie de Musique.

En présence d’un tel déni de justice, ce que Berlioz écrivait le 14 février 1861 deviendra peut-être une réalité. Et avant peu, on pourra lire dans les journaux :

« L’opinion publique s’indigne de voir Berlioz se morfondre sur la place de l’Opéra, quand la protection de M. Lozé permet au chevalier Lohengrin de faire caracoler son cygne dans l’intérieur du bâtiment-Garnier. »