LOHENGRIN EN ITALIE (1871-1878)
Là aussi, du bruit, des batailles, des partisans acharnés et des ennemis nombreux. Mais en somme la musique de Wagner a fait assez vite son chemin dans la péninsule italique, et, après avoir été sifflée dans quelques villes, elle est aujourd’hui partout bissée.
Les documents qui vont suivre montreront, d’autre part, de quelle façon l’œuvre géniale de Wagner se trouva aux prises avec la caricature : j’ajouterai que, représenté pour la première fois en Italie à Bologne le l*^"^ novembre 1871, Lohengrin fut joué la même année à Florence, puis en 1873 à Milan, en 1877 à Turin, en 1878 et 1879 à Rome.
Du reste Wagner, dans ses différents voyages en Italie, rencontra partout l’accueil le plus enthousiaste. Là où il passait on n’acclamait pas seulement sa personne, on acclamait aussi ses œuvres.
En 1876 Vérone et Rome lui firent de chaleureuses réceptions. L’Académie de Sainte-Cécile et la Société Internationale des Artistes, toutes deux dans la Ville Éternelle, s’empressèrent de lui envoyer des diplômes de membre d’honneur. En 1880 il était reçu au Conservatoire de Naples et de Venise. Et, la même année, le conseil communal de Rome, pour garder le souvenir de ce qu’il considérait à l’égal d’un grand événement, décidait de faire frapper une médaille commémorative de la première représentation de Lohengrin dans la cité romaine.
Le personnage qui vient ici prendre place en notre galerie est Filippo Filippi, critique d’art de la Perseveranza de Milan, un de ceux qui défendirent avec le plus d’autorité la musique de l’avenir, et qui parvinrent finalement à faire accepter par les Italiens ce qu’ils avaient d’abord repoussé (1).
Cette amusante caricature, publiée dans le journal Milan-Caprice, était accompagnée de quelques malicieuses appréciations :
(l) Mort en 1887. Wagner avait pour lui une très grande sympathie. Il lui envoya en souvenir une bague ornée d’inscriptions.
