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LE WAGNÉRISME EN FRANCE ET À L’ÉTRANGER.

à tous les points de vue, Wagner, à ses risques et périls cette fois, organisa un troisième concert dans la salle immense du Grand-Théâtre, et, malgn le prix élevé des places, il n’en resta pas une de vide.

« Heureux Wagner ! vont dire nos donneurs de concerts parisiens qui ont tant de peine à remplir, fut-ce à prix réduits, les petites salles de Pleyel, de Herz ou d’Erard.

« Heureux Wagner, soit ! Mais il a été assez longtemps malheureux pour que la fortune lui doive aujourd’hui une revanche complète de ses souffrances.

« À chaque concert, il paraît qu’il avait un peu moins adouci le breuvage aux dilettantes de Saint-Pétersbourg, et, ne leur voyant pas faire la grimace aux amertumes du Wagner qu’il leur versait de plus en plus pur, en diminuant la dose de sucre à chaque séance, il finit, à la dernière, par leur administrer, sans mélange, sans préparation, sans précaution, sans adoucissant, des fragments de ses Niebelungen, un opéra qui dure trois jours de suite, et qui, naguère, terrifia, à Vienne même, les partisans les plus dévoués de ce terrible Wagner.

« Eh bien ! Saint-Pétersbourg a résisté même aux Niebelungen.

« Saint-Pétersbourg a fait bonne contenance, ce qui fait singulièrement l’éloge de la solidité de son tempérament musical.

« Wagner plaît comme homme ; il plaît comme musicien ; il est question de le conjurer de se fixer à Saint-Pétersbourg. »