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LE WAGNÉRISME EN FRANCE ET À L’ÉTRANGER.

sant la parole au rédacteur de La Vie parisienne qui, annotant à la plume les types graphiquement développés par le crayon de Bac, me paraît avoir merveilleusement défini le « pourquoi » de tous les wagnérismes féminins :


1** L’excentrique. — Elle aime Wagner parce qu’il est bruyant, parce qu’il est étrange, parce qu’il fait chanter un dragon et un rossignol, des géants et un nain, des fleurs et des pierres, des femmes à cliev al et des femmes dans l’eau, parce qu’il donne à ses héros les capacités amoureuses les plus étonnantes, parce qu’il donne à ses héroïnes des vertus phénoménales ou des vices pyramidaux, parce qu’il a caché son orchestre, parce que tout le monde ne peut pas aller à Bayreuth, et parce qu’elle trouverait bien extraordinairement agréable de s’endormir comme la Walkyrie au milieu des flammes, et de se réveiller, toujours comme la Walkyrie, dans les bras d’un vigoureux gaillard.

2° La haute Banque. — Elle aime Wagner parce que c’est bien porté, parce qu’elle croit que ça lui donne un air artistique spécial, parce que ça lui permet d’aller en déplacement à Bayreuth avec quarante-neuf domestiques, soixante-treize chevaux et cent quarante-six malles (1), parce qu’elle veut applaudir Lohengrin en 1885, comme une princesse a applaudi Tannhàuser en 1861, parce que enfm // aime Wagner, lui, l’unique, le transcendant, le splénétique, le flirteur, l’idéal, le philosophe de ses fwe o’clock teas^ parce que c’est Lui qu’elle voit en Parsifal. le héros immaculé qui, lui aussi, ne touche pas aux femmes.

3** La femme chic. — Elle aime Wagner parce que c’est chic, parce que c’est nouveau, parce que c’est un sport comme un autre, parce que c’est « délicieusement décadent » d’aller le dimanche « chez Lamoureux », parce que c’est très sélect d’aller à [Bayreuth, parce que cela lui donne un certain cachet d’interna-

(1) Allusion au baron Rothschild de Vienne qui. en 188-2, se rendit à Bayreuth pour les représentations de Parsifal. dans son propre wagon-salon, qui y passa les nuits, se fit apprêter ses repas par son cuisinier et servir par ses domestiques habituels.