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RICHARD WAGNER EN CARICATURES.

des lits de repos, la musique « schopenhauérisée », servant d’accentuation, de notation, de coloration aux récits, aux défilés ; la musique invoquée par les jeunes, la musique qui, dans l’évolution décadente actuelle, cherche à remplacer la peinture, ce puissant objectif de l’école naturaliste ; la musique qui convient aux énervés et aux hystériques, qui se mélange aux parfums exotiques, aux costumes excentriques et aux couleurs étranges ; la musique que les sectateurs du « Lotus » et autres cultes ésotériques appellent le (( grand conducteur des âmes » ; la musique, enfin, en laquelle certains veulent voir la langue universelle de l’avenir.

Telles sont les phases parcourues depuis trente ans, en France, par le wagnérisme, platoniquement prôné par les uns, ardemment propagé par les autres ; acclamé de ceux-ci comme se prêtant admirablement aux mouvements religieux,extatiques ; bien reçu de ceux-là comme faisant une place à l’inconnu, à l’incompréhensible, au nuageux. Ici, c’est pour sa grande allure dramatique qu’il est prisé ; là, en petite chapelle, on le commente, on l’explique, on le dissèque sous toutes les formes ; des de Hagen, esthéticiens a rodistes », le servent en tranches aux jeunes disciples. Bientôt, peut-être, sur la tombe du maître, les gosiers feront miracle, comme jadis les béquilles sur la tombe du diacre Paris, véritable épilepsie philosophico-musicale, pouvant donner la main aux exercices de désarticulation linguistique et, comme eux, signe avant - coureur des révolutions de décadence.

Ici, du reste, je ne saurais mieux faire qu’en lais-