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RICHARD WAGNER EN CARICATURES.

J’ai montré les «■ Jockeyclubistes » prenant la tête des « siffleurs » de 1861. Il importe d’ajouter, maintenant, qu’ils ne furent point les seuls. A eux se joignirent nombre d’opposants, nombre de républicains, qui sifflèrent parce que le Tannhàuser était joué par ordre de l’Empereur (1), sur la demande de la princesse de Metternich. J’ai sous les yeux les lettres de deux personnages de l’époque rendant compte à des parents de province des incidents de la deuxième soirée. L’une d’elles se termine par cet aveu dénué d’artifice : « Grand admirateur de la musique du Tan7ihàuser^- j’ai considéré comme un devoir patriotique de prendre part à une manifestation qui ne peut qu’être désagréable à l’homme du 2 décembre. »

Quelques années après, tout sera changé : le même personnage qui sifflait dans la salle de la rue Lepelletier applaudira au Théâtre Lyrique ou au Cirque d’hiver parce que les entreprises et les concerts Pasdeloupsont une œuvre en dehors de toute attache officielle, considérée, en quelque sorte, comme imbue d’un esprit nouveau et régénérateur.

Ainsi donc, en sifflant le Tannhàuser, on sifflait l’Empire ; en applaudissant à Rienziy au concert Pasdeloup, on se plaçait à la tête du mouvement progressiste dirigé contre les vieilles perruques, contre les écoles, contre les académies officielles de l’Empire.

Voilà ce que peu d’entre nous savent aujourd’hui, et ce que les Allemands ignorent complètement ; voilà

(1) Fait peu connu, l’ouverture du Tannhàuser fut jouée en janvier 1866 à la grande représentation de gala donnée pour le Roi de Portugal, et sur sa demande spéciale.