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RICHARD WAGNER EN CARICATURES.

Bataille ! est-ce bien le mot convenant aux sifflets qui avaient pris le la en certain cercle plus équestre que musical.

Bataille ! cela vous a des allures artistiques ; cela rappelle les grandes journées du classicisme et du romantisme ; cela évoque les souvenirs de choses et de gens qui ont laissé dans l’histoire une trace profonde. Et rien de semblable ne se saurait voir dans les protestations des gentilshommes porteurs de « sifflets à roulettes » qui se firent jour aux soirées du Tannhàuser.

Quels étaient, en effet, les ennemis en présence ?

D’un côté, Wagner, c^est-à-dire un homme qui, sans ménagements, a, du coup, démoli tout l’échafaudage de l’ancien opéra, ameuté, par conséquent, contre lui tous les fabricants travaillant en ce genre, tous « les suiveurs de sentiers battus », tous ceux qui, par intérêt ou par goût, pouvaient tenir au principe existant, éditeur, chef d’orchestre, directeur de théâtre, amateur — l’amateur surtout, nullité pédante et prétentieuse.

De l’autre côté, les gens habitués à entendre, à voir, à applaudir des a romances opéralesques » greffées sur un fond quelconque, les gens à crâne chauve dont la fonction sociale a consisté, de toute éternité, à se pâmer devant les tours de force des gosiers à double fond et à admirer les souplesses des ronds de jambes en caoutchouc.

Je n’en veux pour preuve que ce compte rendu d’une précieuse exactitude emprunté à M. Catulle Mendès, alors jeune et bouillant lutteur :

Je songe malgré moi, écrit le poète dans son livre sur Wagner, aux représentations de Tannhàuser à l’Académie impériale de