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CARICATURES ALLEMANDES SUR LES OPÉRAS.

verne ; il peut cracher feu et flammes même par un porte-voix, hurler des notes, et cependant, il repose en une paisible indolence, fumant sa pipe, comme quelque honnête rentier retiré des affaires.

Ça, c’est le combat de Siegfried et de Fafner.

Schultze et Miiller, nos deux intrépides bourgeois, se sont logés dans la gueule du monstre « pour être de la partie », mais l’attitude belliqueuse de Siegfried les émeut tant soit peu. « Où nous as-tu fourrés », dit Schultze « ça va nous coûter 500 marks cette place de parterre dans la gueule de Fafner. » Au même instant le terrible dragon crie :

« Je ne demandais qu’à boire et voici que m’arrive de la pâture !

» ce qui fait dire à Schultze en manière de conclusion : 

« Mieux vaudrait qu’il avalât tout de suite Siegfried, trois personnes ne pouvant absolument pas trouver place dans son palais. »

Et Millier a beau rassurer son bon Schultze en lui affirmant que Siegfried va tuer Fafner, Schultze n’est pas tranquille et demande un notaire pour faire son testament.

Ça, c’est Wotan, avec sa lance, laissant les corbeaux messagers voleter et badiner. Il peut évoquer les puissances magiques, et tout faire, sauf se rendre lui-même puissant, car sa femme le menace de sa pantoufle (1) chaque fois qu’il veut entreprendre

(1) La pantoufle est l’image du pouvoir jaloux et tatillon qu’exerce la déesse Fricka sur son divin époux.

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