Page:Grand-Carteret - Richard Wagner en caricatures, Larousse.djvu/188

Cette page n’a pas encore été corrigée
182
RICHARD WAGNER EN CARICATURES.

Tout cela peut être très grand, très symbolique, mais quelle que soit l’étendue de la scène, cette basse-cour en carton, malgré son exotisme, n’en impose point et très facilement prête à la caricature.

Transformer un dragon en tenore robusto , c’est certainement peu commun, mais le montrer roulant lui-même à travers les creux et les bosses du sol, — la partie la plus avancée de son être menaçant l’orchestre invisible alors que sa queue traîne encore dans les coulisses, — puis lui faire émettre dans cette position des sons bas en bâillant majestueusement, sans même songer à l’influence que pareils bâillements pourront exercer sur le public, c’est, de sa propre volonté, marcher au-devant du ridicule.

Le Punch de Londres a rendu, d’une façon assez exacte et assez comique, ce duel en musique d’une allure peu commune et d’une vue peu habituelle.

Écoutons-le :

Siegfried se place vis-à-vis de Fafner, qui se transporte plus loin sur une haute cime, et crache vers lui, par ses naseaux, un joli motif qui doit faire beaucoup d’effet. Siegfried saute de côté, Fafner agite lourdement sa queue pour attraper Siegfried, qui l’évite en sautant sur le dos de l’animal : comme la queue le suit vivement et le saisit presque, Siegfried blesse le monstre avec son épée. Fafner retire sa queue (sans rire), rugit (une réelle crainte s’empare du public) et soulève la partie antérieure de son corps afin de pouvoir se jeter de coté et de tout son poids sur Siegfried ; mais, en cette posture, il met à nu sa poitrine. Siegfried découvre la place du cteur, et rapidement y plonge son épée jusqu’à la garde. Ceci calme Fafner, mais pas le duo ; car il y a encore un très beau morceau d’ensemble, quoique « à voix plus faible » (à mi-voix), ce qui est raisonnable, pour (ju’un animal puisse expirer décemment.