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CARICATURES ALLEMANDES SUR LES OPÉRAS.

sages — maint personnage. Du reste, je vous fais grâce, d’autant plus que, souvent, les satiriques allemands, pour apprécier l’œuvre de Wagner, se sont contentés d’aligner bout à bout les mots colossal^ pyy^aonidaly génial^ grandios, famos, mimen.s, enorm^ et autres termes du vocabulaire franco-germain. D’aucuns ont même forgé une langue de l’avenir, déclinant, pour faire suite à la musique de l’avenir, niehelungert^ gotterdœmmeringert ^ hrunnliildcrt ^ bayreitthert , albericliert, rheintochtert .

En somme, aucune pièce n’a, comme Y Anneau des Niehelungen, mis les satiriques en joyeuse humeur, d’abord à cause de la machinerie qui y tient une place considérable, ensuite à cause du sujet lui-même, sorte de course à la bague en sept tableaux, qui ne se peut expliquer que par un manque complet de bijoutiers dans l’ancien paradis germain.

La machinerie, c’est tout un monde. Dans ses drames en musique, le maestro a donné une grande place aux animaux ; Ton peut même dire qu’il a fait venir sur les planches un jardin zoologique et antédiluvien.

Corbeaux, colombes, oiseaux de paradis, chevaux, dragon classique, tout cela, petits et grands, fait partie du répertoire, chante et crie suivant la méthode wigalawajesque, jusqu’à ce qu’il se présente des « dresseurs d’animaux vivants pour opéras de l’avenir ». Au chant perlé, si gracieusement susurré par les oiseaux, répond le hennissement du cheval ou le beuglement sourd du dragon ; c’est un second orchestre, visible et quelque peu encombrant, qui ne rendra pas facile la vulgarisation des œuvres wagnériennes.