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CARICATURES SUR LA VIE DE WAGNER.

langue allemande : « Les c…ochons couronnés qui ne s’intéressent point aux choses intellectuelles ne méritent point de vivre. »

Roide, mais textuel.

On ne doit pas oublier, du reste, queWagneren voulait tout particulièrement, non seulement ù, Tempereur Guillaume, souverain fort peu mélomane, du mépris dont il avait fait preuve à l’égard de ses productions musicales, mais encore à son père Frédéric-Guillaume IV qui lui, au contraire, montrait un goût éclairé pour les beaux-arts et avait appelé à Berlin, Meyerbeer et Mendelssohn(l). « Qu’il arrange ses opéras pour musique militaire ? » avaient répondu monarque dilettante et moncfnjue guerrier à toutes les demandes de protection.

L’Empereur d’Allemagne logé à « l’Ermitage » avait assisté à la première représentation de Bayreuth, ainsi que sa fille, admiratrice de Wagner, la grande-duchesse Louise de Bade. Le soir, une grande retraite aux flambeaux avait été organisée en l’honneur de Guillaume P aux accords de la Kaisermarsch,, et de toutes parts il avait été, lui et les princes allemands, l’objet des acclamations les plus enthousiastes.

Il est permis de croire, comme on l’a dit et écrit sur tous les tons, que ces ovations finirent par agacer Wagner le véritable triomphateur du jour. D’où certaines pointes lancées contre le souverain qui lui prenait ainsi sa part de gloire, qui venait éclipser les rayons de son soleil. Quelques mots du musicien furent même colportés à ce propos dans les cercles intimes.

Tout naturellement, les journaux viennois abondèrent en articles ; voici un dialogue humoristique emprunté au Floh, et censé traduire une conversation tenue entre les deux personnages à la gare de Bayreuth.

I] empereur Guillaume. Je suis véritablement surpris de la bruyante réception qu’on m’avait préparée ici. Wagner. Moi aussi.

LEmjwreur. D’autant plus que je ne suis, aujourd’hui, à Bay-

(1) Si les marches de Wagner figurèrent sans cesse dans les gn-andes fêles officielles allemandes, du vivant de Guillaume, c’est ù M™" de Schleinitz qu’il faut attribuer leur introduction.