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RICHARD WAGNER EN CARICATURES.

des Dieux, lorsque l’Empereur chargea un de ses aides de camp, le général Lehendorf, d’aller chercher le maestro, celui-ci fut longtemps introuvable. P^nfin le général découvrit Richard Wagner dans une obscure chambrette, au fond des coulisses : le compositeur était étendu dans une chaise longue, et sa femme, M’"® Cosima, agenouillée devant lui, agitait un grand éventail, pour rafraîchir l’air autour de sa tête auguste ; l’abbé Liszt se promenait de long en large, comme un révérend Père qui médite sur la musique de l’avenir. Le comte de Lehendorf lit part au maître du désir qu’avait l’Empereur de le voir. Wagner dirigea ses regards sur Cosima et lui demanda s’il devait y aller.

« — Je crois que si tu t’excuses, cela suffira, lui répondit sa « femme.

« — Quand l’Empereur exprime un vœu, répliqua sèchement « l’aide de camp, ce vœu est un ordre. »

« L’abbé Liszt s’interposa, et parvint à faire comprendre à son beau-fils qu’il était de toute convenance d’aller remercier l’Empereur. »

Je tiens d’un wagnériste français, en situation d’être bien renseigné, car il fut un intime du maître et de sa famille — je m’empresse de dire que ce n’est point M. Catulle Mendès — la version exacte de cet incident.

C’est à deux reprises que le comte de Lehendorf fut expédié auprès de Wagner, car. la première fois, il avait essuyé de la part du musicien un refus absolument formel.

L’aide de camp de Sa Majesté ayant donc renouvelé l’impérial désir :

listes ein Befehl ? Esi-ce un ordre ? » cria W^agner, et sur réponse affirmative, il ajouta du ton d’un homme qui a protesté tant qu’il a pu : « So, ich gehe », c’est-à-dire « puisqu’il en est ainsi, j’y vais, je me rends. »

Wagner était, au fond, un caractère indépendant, incapable de la plus petite courtisanerie vis-à-vis d’un souverain peu porté à apprécier son œuvre et son génie.

C’est ainsi qu’en plein dhier officiel, cliez lui, devant le ministre de la Maison de l’empereur Guillaume et devant le roi de Bavière, les assistants ont pu l’entendre prononcer ces paroles caractéristi (iues et peu parlementaires, mais bien dans l’esprit de la