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CARICATURES SUR LA VIE DE WAGNER.

Les invités qui viennent au-devant de Wagner, au quartier général, trouvent le Maître prêt pour le combat. Son entreprise est du reste une véritable campagne militaire, puisqu’il dirige la lutte principale et définitive contre ses ennemis, et, par ce fait, distrait l’attention de l’Europe des Turcs et des Serbes eux-mêmes. Batteries d’instruments à vent meurtriers les attendent par devant et par derrière, prêtes à les recevoir sous une pluie de notes étincelantes, tandis que salamandres et autres instruments à jet leur envoient des chants étranges. Encore un regard sur Cosima, un signe du Maître, et l’on pourra partir.


Le personnage au premier plan, devant Wagner, est Hans nicliter le chef d’orchestre de Bayreuth.

Le personnage derrière le Maître, moitié homme moitié femme, cependant coiffé dm bonnet et le cou orné d’un collier ayant l’apparence d’un ordre quelconque, dont le visage a tant de points de ressemblance avec celui de l’abbé Liszt, est Mme Cosima Wagner. Le moulin à café qu’on aperçoit dans le bas est une allusion au bruit du papotage féminin.

Au-dessous de Wagner, à droite, sont MM. Jahn, directeur de l’Opéra de Vienne et Scaria basse chantante dudit théâtre.

Au milieu des serpents crachant croches et doubles croches apparaît la gentille figure de Lili Lehmann, l’actrice berlinoise, une des trois Rheintochter (filles du Rhin), avec Marie Lehmann et Minna Lammert.

Du reste les animaux devant prendre part au combat figurent, eux aussi, sur le champ de bataille ; on voit côte à côte et le « Lindwurm » soit le dragon de Siegfried et le cheval Grane, tous deux célèbres dans l’histoire des drames wagnériens.

De la droite passons à la gauche. Au premier rang des invités qui saluent le maître, sont, reconnaissables entre tous, l’empereur d’Allemagne et le roi de Bavière Louis II dont la chemise est ornée d’un plastron musical ; puis viennent un Rothschild quelconque et M. Jauner, directeur du Ringtheater de Vienne, le théâtre qui par ses incendies s’est lait un nom européen. Parmi les personnages qui se pressent au-dessus on remarque, en suivant l’ordre ascendant : Herbeck, ancien directeur de l’Opéra ; Josef Lewinski, acteur célèbre du théâtre de la Cour, auteur d’un ouvrage important pour l’histoire de l’art dramatique allemand : Vor den Coulissen[1] (Devant les Coulisses) ;

  1. Publié en 1881 à Berlin.