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CARICATURES SUR LA VIE DE WAGNER.

NOTES SUR WAGNER À MUNICH (1864)

Dès son avènement au trône, en 1804, le roi de Bavière Louis II montra pour la poésie mystique et pour les ouvrages de Wagner une sympathie toute particulière. Cette passion, chez un névrosé, chez une sensitive de son espèce, prit bientôt des proportions telles qu’il lui fallut à tout prix son « musicien » : en mai 1864, Wagner, appelé à Munich, était attaché à la Cour avec une pension de 4,000 florins ayant, en outre, à son entière disposition, lui qui, pendant si longtemps, avait eu quelque peine à se faire jouer, une des premières scènes artistiques d’Allemagne.

La façon dont l’artiste fut amené près du roi, raconte Drumont dans sa brochure, rappelle le despotisme fantaisiste des cours d’Orient. « Je veux voir Wagner », dit le roi Louis, un matin en s’éveillant, et un aide de camp reçut l’ordre de trouver et d’amener Wagner au monarque.

On disait le maître à Vienne.

Pendant trois jours et trois nuits l’aide de camp parcourut Vienne dans tous les sens, fouilla la ville dans tous les coins et recoins, alla des bouges aux palais et des palais aux bouges. Pas de Wagner !

Quand il revint sans Wagner, le roi fronça son royal sourcil. « Wagner ou votre démission ! » Et, sans souffler, sans se reposer, sans embrasser sa famille, l’aide de camp, marchant toujours devant lui, comme un personnage des légendes allemandes, dut s’élancer dans sa chaise de poste et courir après l’auteur du Tannhäuser qu’il finit par dénicher à Zurich.

Wagner, très vite, fut l’ami du jeune et mystique souverain. Louis II, qui rêvait je ne sais quelle monarchie à la Louis XIV,