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CARICATURES SUR LA VIE DE WAGNER.

asseoir Wagner sur le trône de ce Dieu Wotan qui, souvent aussi, incarnera certain personnage politique, jadis tout-puissant[1] ; là, s’amusant à annoter au jour le jour les actualités wagnériennes.

Il n’y a qu’un Dieu : Wagner ; devant lui toutes les royautés s’inclinent, toutes les gloires s’effacent ; qu’il reste chez lui ou qu’il voyage, c’est en souverain qu’on le traite et qu’on le reçoit. Devant ses titres les fonds d’état pâlissent : partout on ne rencontre que porteurs de coupons wagnériens, et souscripteurs au théâtre-modèle. Que n’a-t-il pas trouvé, du reste, lui, le divin Atlas, aux culottes de dentelle, digne pendant dans la musique de l’Atlas de la politique, lui le plus grand phénomène graélique[2] des temps présents, lui le restituteur des trompettes géantes, l’inventeur par excellence des mélodies coupées, le chef des applaudissements parsifalesques[3] le tambour du régiment de Bayreuth battant la caisse sur les membranes du tympan, lui le médium des bruits les plus intenses, lui qui fut l’effroi des oreilles de notre génération et qui restera l’archet-cyclope !

Épithètes satiriques que les journaux viennois se plairont à lui donner, tout en nous initiant aux détails du rite wagnérien dont les grands prêtres furent Liszt et

  1. Plusieurs caricatures dans les journaux berlinois, vers 1876, représentent le prince de Bismarck en Wotan.
  2. Allusion au Saint-Graal, la coupe, qui, suivant la légende, contenait le vin bu par le Christ à la dernière Cène, Or, Amfortas dans Parsifal est un chevalier commis à la garde du Saint-Graal. Du reste, au nombre des associations wagnériennes figure un Ordre du Saint-Graal, fondé à Munich en 1877.
  3. On trouvera au chapitre « Caricatures allemandes sur les opéras de Wagner » l’explication des applaudissements auxquels il est fait allusion ici.