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RICHARD WAGNER EN CARICATURES.

manque de discrétion, de délicatesse, qui distingue le savant aussi bien que le journaliste allemand. Wagner essaya par des écrits de faciliter la compréhension de son œuvre ; ils ne produisirent qu’une nouvelle confusion et de nouveaux murmures ; on s’écria : c’est un théoricien qui veut transformer l’art avec des idées subtiles, qu’il soit lapidé ! »

La caricature ne le lapida point, elle se contenta de faire ressortir les ridicules, les exagérations, les gonflements orgueilleux de l’homme qui se posait en Dieu, en dogme vivant, en juge suprême des choses de l’art et de la musique, qui transformait son école musicale en une sorte de pontificat, qui officiait dans son temple-modèle de Bayreuth, dans son Festspielhaus, comme un prêtre dans son église.

Mais Wagner, il faut le dire bien haut, et ceci est à son honneur, a vengé l’Allemagne de l’accusation de barbarie si souvent lancée contre elle à la suite de la guerre de 1870. En donnant un caractère grandiose et national aux fêtes d’inauguration de son théâtre, en recevant, lui, personnage non hoffœhig, les souverains du pays, il a effacé les brutales victoires dues au progrès dans l’art de tuer, il a donné la parole à l’art véritable restant immortel, il a montré la nation sous son autre face, toujours apte, malgré son féodalisme militaire, à s’intéresser aux choses de l’esprit. Ceci nous ne l’avons point vu, et, cependant, c’est nous autres Français qui devions le comprendre.

Et maintenant, déroulez-vous, amusantes images, comiques plus que cruelles, donnant si bien les notes distinctes de l’esprit germanique ; ici, symboliques, faisant