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Soudain, au poste il y eut un grand bruit de vieille ferraille, de godillots légers écrasant le gravier, puis d’entre les grilles noires, surgit le képi rutilant du colonel.

Couleuvrine eut une minute d’ennui, parce qu’il se figura incontinent, que ce supérieur hiérarchique allait lui trouver sans tarder, une de ces petites occupations, dont il ne sentait point le pressant besoin.

Sa première idée fut donc de se défiler habilement derrière le premier abri, mais sa seconde idée le cloua immobile et nerveux à la place où il se trouvait.

Et cela, simplement parce que derrière le colonel, il y avait des dames.

Il ne fut pas le seul à noter ce fait extraordinaire, de toutes les encoignures fusait l’aveu étonné :

— V’là des poules !

Mais les galons du colonel suffisaient à faire évanouir tous les bourgerons écrus et les sabots élégants. Seul Couleuvrine résista.

Cet événement extraordinaire avait comme tous les événements extraordinaires une explication plausible.

Mistress Elisabeth Brickshole, la femme du milliardaire bien connu, Philipp Josuah Brickshole, était l’hôte pour quelques jours, de Madame Timinet, l’épouse légitime du grand chocolatier de Saint-Crépin.