Page:Grand’Halte - Une femme nue à la caserne, 1921.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 28 —

Au milieu de ces représentants des deux sexes, Couleuvrine dominait incontestablement. Même la chanoinesse de Cacenoy, rêvait de perdre dans ses bras et avec éclats une innocence que la vétusté commençait à préserver.

La chère fut délicate, les vivres parfumés, monsieur le professeur de philosophie s’en mit jusque là et madame de Lamottemoussue cacha un baba au rhum dans la poche de son jupon de dessous.

Mistress Brickshole ne mangea que fort peu, une nervosité inaccoutumée comprimait son estomac et elle pensait à son heureuse après-midi, lorsqu’elle était toute nue, sans même ses jarretières.

Cette réminiscence amenait souvent à ses joues nacrées des rougeurs furtives, que l’espoir chassait bien vite, pour la remplacer par une pâleur anxieuse.

Couleuvrine avait une solide habitude des usages du monde, pourtant, en cette occasion, il hésitait sur un point protocolaire et important : la maîtresse de maison d’abord ou l’invitée ? Cruelle énigme !

Au salon, la chanoinesse se mit au piano pour chanter une de ces vieilles chansons pleine de poésie, comme :

J’ai du bon tabac
Dans ma tabatière…