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Caramel arriva juste sur les traces des dames parfumées.

Les narines épanouies, il palpitait :

— C’est sûrement des bath poules !… et pas d’la viande à cochons !

Mais il avait aussi de la timidité, mêlée à une certaine terreur de la discipline qui fait la force principale des armées. Et à cause de tout cela, il fut obligé de se contenter de renifler, ce qui est un plaisir incomplet.

Il marchait donc lentement avec le cœur battant d’un jouvenceau et l’œil brillant d’un paillard muri dans la débauche. Ainsi, la troupe disparut pour se perdre en des profondeurs insoupçonnées où ça fleurait la botte chaude et la sueur de mâle. Évidemment les dames palpitaient, mais Caramel ne palpitait pas du tout, il se voyait isolé comme le lépreux qui se desquame.

Pourtant les sabots à la main, ses fins pieds sur les planchers raboteux, il poursuivait mélancoliquement sa route.

Et soudain, il s’immobilisa, la prunelle égrillarde et la lippe rigolarde. Il entendait des bruits de sommier.

Académique et papelard, il souffla :

Ça c’ t’une affûre !… S’il en restait un peu pour moi ?

Son oreille en cornet de frites s’appliqua contre la porte et il perçut des mots galants :