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en des régions inconnues par une pompe mystérieuse et puissante.

Seul, Couleuvrine, sans peur et sans reproche, esquissait un pas espagnol au centre de la cour.

Les visiteurs, rassasiés de la vue des bâtiments rectilignes, avaient pénétré dans un couloir. De là, ils passèrent dans un autre couloir, puis dans un troisième couloir. On ne peut se figurer combien il y a de couloirs dans une caserne bien ordonnée, c’est à croire que les pièces sont là uniquement pour remplir les vides.

Les dames traînaient la patte et affirmaient, sur des tons aigus, que tout cela était joli, joli, tout plein. Mais in-petto, elles se disaient qu’il serait bien plus rigolo de voir des dragons tout nus.

Lorsque le cortège féminin se fut engouffré dans les profondeurs de couloirs, le margis sentit en lui une angoisse insurmontable, quelque chose, comme l’appel de la Nature ou le besoin d’une miction immédiate. Il s’en fut donc droit vers les bâtiments.

Il n’eut pas besoin de chercher, son flair indéfectible, le mettait toujours sur la trace du jupon voltigeur.

Sur la pointe de ses bottes molles, à l’instar de l’assassin prêt à faire le coup du père Français, il s’élança à travers la pampa des corridors.