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commencée au xviie siècle a continué. L’élément rythmique, qui s’était glissé dans l’alexandrin classique, est devenu prédominant. Le poète classique sentait vaguement que son vers était rythmé, le poète romantique en a nettement conscience. C’est parce que le rythme est clairement perçu, que l’on peut enjamber et que l’on peut omettre la coupe fixe sans que le vers disparaisse.

À ce moment le vers français est susceptible de tous les moyens d’expression fondés sur le rythme, sur les changements de rythmes, sur les sons et leurs combinaisons, qui sont examinés dans la seconde partie de ce livre.

Dans quel mesure il peut admettre des réformes. — Depuis qu’il a un rythme sensible, il aurait pu renoncer au syllabisme, qu’il doit à ses origines. Quand les mesures sont nettement distinctes, elles peuvent contenir un nombre quelconque de syllabes, et l’ensemble des mesures d’un vers peut fournir un total variable de syllabes. Dire d’un vers qu’il est à la fois syllabique et rythmique, semble au premier abord contradictoire ; pourtant les deux qualités ne s’excluent en aucune façon. Si nos vers cessaient d’être syllabiques pour devenir purement rythmiques, ils n’y perdraient rien sans doute, mais on ne voit guère ce qu’ils pourraient y gagner.

Cette réforme n’est donc pas de celles qui s’imposent. Mais il en est d’autres qui deviennent de plus en plus nécessaires ; elles ont été signalées au cours de cet ouvrage à mesure que l’on a envisagé les diverses questions. Elles tiennent toutes à ce que les versificateurs n’ont pas modelé leurs observances sur l’évolution de la langue et n’ont pas toujours eu un