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Le moindre Vent qui d’aVenture
Fait rider la Face de l’eau.

(La Fontaine, Fables)

Les spirantes dentales s et z supposent un souffle accompagné d’un sifflement, ou un sifflement accompagné de souffle ; le sifflement est plus intense avec les s qu’avec les z :

Et les ventS aliZéS inclinaient leurS antennes

(Heredia, Les Conquérants)

Dans les buiSSons Séchés la biSe va Sifflant.

(Sainte-Beuve)

Il y a aussi des sifflements de jalousie ou de dépit :

Je Suis le Seul objet qu’il ne Sauroit Souffrir.

(Racine, Phèdre)

des sifflements d’ironie :

De vos deSSeins SecretS on est trop éclairCi
Et Ce n’est pas CalchaS que vous chercheZ iCi.

(Racine, Iphigénie)

des sifflements de dédain ou de mépris :

On veut Sur vos SoupÇons que je vous SatiSfaSSe.

(Racine, Britannicus)

des sifflements de colère :

Voyons S’il Soutiendra Son indigne artifiCe.

(id., Iphigénie)

Le point d’articulation. — Si, laissant de côté le mode d’articulation des consonnes, on considère leur point d’articulation, on remarquera par exemple que les labiales p, b, et avec elles les labio-dentales, f, v, exigeant pour leur prononciation un gonflement des