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on change d’intonation, c’est-à-dire essentiellement de hauteur. Fort bien est une sorte de rejet à l’hémistiche ; ces deux mots ne sont pas dits avec la même voix que couvriraient ; c’est ce qui en fait nécessairement un autre élément. Avec la quatrième mesure on retombe très bas pour trois syllabes et on remonte très haut pour la quatrième. On a donc, dans ce vers, quatre mesures fort différentes l’une de l’autre.

Dans le suivant il n’y a pas d’accent rythmique avant la sixième syllabe. Le premier hémistiche peut se noter : 1½ 1 1 2 1½ 5. Ici pas de changement d’intonation, pas de division possible ; c’est un long élément qui se déroule en ondulant jusqu’à la montée finale, et qui donne bien l’impression d’immensité que le poète veut exprimer. Cet hémistiche n’est ni plus court ni plus rapide que les autres ; parmi les cinq premières syllabes il y en a deux, la première et la quatrième, qui émergent parmi les autres, et font sur l’oreille une impression plus forte ; cette impression se totalise en quelque sorte dans l’oreille pour équivaloir à la syllabe rythmique des autres hémistiches.

Le second hémistiche : n’emplirait pas mon cœur, constitue deux mesures : 1 1 1 2½ | 2 4 dont la seconde l’emporte sur la première comme intensité et durée des syllabes ; on ne descend que faiblement de la dixième syllabe à la onzième et on remonte très haut avec la douzième.

Le troisième vers n’appelle aucune observation nouvelle ; il se divise en quatre mesures sans pause et son second hémistiche se recouvre exactement avec celui du précédent : 1 1 3 | 1 1 3 | 1 1 1 2½ | 2 4.

Dans le dernier vers il y a deux pauses, l’une après la première mesure, l’autre après la troisième, ce qui