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RÉPÉTITIONS DE PHOiNÈMES QUELCONQUES Nous commencerons par un ordre d’idées où la nature des phonèmes n’a aucune importance ; ce n’est que par leur répéti- /^ tion qu’ils jouent un rôle. 11 s’agit de l’expression d’un mou- vement ou d’un bruit répété, que ce mouvement ou ce bruit soit régulier ou irrégulier. Or dans les mots expressifs appar- tenant à cet ordre d’idées, l’expression est due à la répétition d’une syllabe : coucou, d’une voyelle : cliquetis, monotone, ou d’une consonne : palpite. Il est évident que dans un vers, qui est un élément plus long qu’un mot, on pourra obtenir des effets analogues par la répétition d’un mot ou de plusieurs mots, d’une ou de plusieurs syllabes, d’un ou de plusieurs sons. Mais la question est complexe ; nous avons déjà parlé d’un moyen d’exprimer un mouvement ou un bruit régulier ou irrégulier, à savoir le rythme. Nous avons vu comment le rythme peut devenir un moyen d’expression par ce fait qu’il rend plus lentes les syllabes d’une mesure qui en a moins de trois et plus rapides celles d’une mesure qui en a plus de trois. Il va de soi que pour peindre un mouvement régulier, une allure égale, le rythme 3-3, 3-3 pourra contribuer à l’expres- sion : Lui, gagnant | à pas lents [ une roche | élevée ■ (Musset, Nuit de mai). Elle va I dans les bois, ] se traînant | à pas lents (Id., La servante du roi).