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10 INTRODUCTION. [140]

M ^ - Collection de A. d’Abbadie, n° 55 ;

N — n° 35 ;

P ^ Musée Britannique, Add. 24.991 ;

Q — — — Orient. 489.

Le manuscrit M, du xve ou du xvie siècle, est le plus ancien de tous ceux qui contiennent la version éthiopienne du Livre d’Esther ; ce manuscrit contient, non pas assurément la version primitive, mais du moins la version la plus ancienne qui soit connue, et sans altération, c’est-à-dire sans les corrections faites dans les siècles postérieurs. Le manuscrit N, de la fin du xviie siècle, contient la même version ancienne que le manuscrit M, mais corrigée ; cependant on peut souvent lire encore le texte primitif. Le manuscrit P, du xviie siècle, contient aussi la même version ancienne que le manuscrit M ; elle a été corrigée d’après le même exemplaire que le manuscrit N, mais le texte primitif a disparu dans les corrections. Enfin le manuscrit Q, de 1730, contient la version corrigée qui résulte des manuscrits N et P. Le correcteur a fait la révision de l’ancienne version éthiopienne, en la comparant au texte grec des LXX, et il l’a modifiée en tâchant de la conformer le plus possible au texte grec ; il résulte de là que le texte corrigé constitue une recension du texte ancien.

Pour la version éthiopienne de la Bible, le but de la critique textuelle est, autant que faire se peut, de retrouver dans les copies de plus en plus anciennes le texte de la version primitive, aussi exempte d’éléments étrangers que possible. Seul ce texte primitif, c’est-à-dire antérieur aux recensions et révisions qui ont été faites, pur, sans corrections, sans faire attention à sa légibilité ni à son adaptation à un usage quelconque, a de la valeur pour la classification des divers types de texte des LXX et pour la reconstitution de ce texte[1]. Pour atteindre ce but, autant que les matériaux disponibles le permettent, nous publions le texte du Livre d’Esther d’après le manuscrit M, en y faisant seulement les modifications suivantes : 1° corriger les fautes grammaticales évidentes ; 2° supprimer les additions ; 3° remplir les lacunes : tout cela d’après les parties des textes des manuscrits N et P, qui n’ont pas été corrigées ; cependant nous donnerons en notes les leçons du manuscrit M.

La révision de l’ancienne version éthiopienne du Livre d’Esther, faite d’après le texte grec des LXX, d’où résulte la recension qui constitue le texte moderne ou vulgaire, a aussi une grande importance pour la critique ; elle peut indiquer le type de texte grec dont s’est servi l'auteur de la révision, les procédés employés, les tendances de l’auteur de la révision, son époque et

  1. Oscar Boyd, The text of the Ethiopic version of the Octateuch, Leyden, 1905, p. 19.