Page:Graffin - Nau - Patrologia orientalis, tome 4, fascicule 2 - Les plus anciens monuments du Christianisme.djvu/31

Cette page n’a pas encore été corrigée
[29]
123
I. — ACTES DE LA PERSÉCUTION DE DÈCE.

dans sa lettre LV, 14 : « Quae inclementia est et quam acerba duritia libellaticos cum bis, qui sacrificaverint, iungere quando is, cui libellus acceptus est, dicat : « Ego prius legeram et episcopo tractante cognoveram non sacrificandum idolis nec simulacra servum dei adorare debere et idcirco, ne hoc facerem, quod non licebat, cum occasio libelli fuissct oblata, quem nec ipsum acciperem, nisi ostensa fuisset occasio, ad magistratum vel veni vel alio eunte mandavi : Christianum me esse, sacrificare mihi non licere, ad aras diaboli me venire non posse, dare me ob hoc praemium, ne, quod non licet, faciam. » Nunc tamen etiam iste, qui libello maculatus est, posteaquam nobis admonentibus didicit ne hoc se facere debuisse, etsi manus pura sit et os eius feralis cibi contagia nuUa polluerint, conscientiam tamen eius esse pollutam, ilet auditis nobis et lamentatur et, quod deliquerit, nunc admonetur et non tam crimine quam errore deceptus, quod iam de cetero instructus et paratus sit contestatur. » Il y avait donc des personnes qui, malgré l’édit, ne sacrifiaient pas, et qui pourtant se gardaient de la persécution au moyen des libelli.

Que sont les libelli et les libellatici ? Maintenant, en présence de nos textes, la question est facile à résoudre. Les libelli sont des pétitions adressées à la commission pour la prier de donner la signature, le témoignage que le pétitionnaire a sacrifié ; la signature constatait qu’un ou deux membres de la commission avaient été témoins oculaires. Les libellatici sont des chrétiens qui se procuraient ce témoignage, peu importe par quel moyen, bien qu’ils n’eussent pas sacrifié.

Toutefois, une tout autre question n’est-pas encore résolue. Les personnages de nos textes étaient-ils chrétiens ou païens ? En ce qui concerne le no 5 où figure une prêtresse païenne du dieu Petesouchos, il serait très étrange de penser qu’il s’agisse d’une personne accusée d’être chrétienne. Ce fait nous montre une nouvelle analogie avec les actes du dénombrement général de la population ; ceux-ci étaient un témoignage de l’existence des personnes, présenté par le père de famille ordinairement, tandis que les libelli en étaient un de leur croyance. Cette analogie nous fait conjecturer qu’en l’année 250 la population tout entière se munit des libelli qui remplaçaient à ce moment les actes de dénombrement, lesquels, eux aussi, ont été présentés aux magistrats par tout le monde en même temps. En effet, la différence des dates de nos libelli est assez petite, l’intervalle n’est que de quelques jours seulement, c’est le 20 et 21 payni et le second épiphi (13, 14 et 25 juin), c’est à cette même époque que la moisson est finie en Égypte et que les hommes sont libres du travail pour la récolte ; aussi les actes de dénombrement sont datés par la fin du mois de mésoré, comme la fin de l’année civile. Une autre considération favorise encore notre conjecture : cette seule persécution de Dèce nous a légué cinq actes qui nous sont parvenus ; il en faut conclure que la quantité des